Source : Le Royaume de l’au-delà par Thomas A. Edison, précédé de Machines radiophoniques par Philippe Baudouin, éditions Jérôme Millon, collection Golgotha, relecture en cours.
La figure de proue de ce mouvement est l’artiste et
cinéaste suédois Friedrich Jürgenson (1903-1987). Ses livres, The Voices
from space, Les Voix de l’espace, et Sprechfunk mit Verstorbenen,
Conversations radiophoniques avec les disparus, sont considérés aujourd’hui
comme des ouvrages de référence par les amateurs de phénomènes de voix
électroniques. Jürgenson découvre accidentellement ces voix en juin 1959 alors
qu’il enregistre les chants d’oiseaux dans la campagne suédoise.
De retour chez lui, il écoute la bande et perçoit le
son d’une trompette ainsi que la voix d’un homme parlant de « voix
d’oiseaux nocturnes », ces deux événements sonores présents sur le support
magnétique n’étaient pas audibles lors de l’enregistrement original. Jürgenson
pense alors que son microphone a capté des interférences radio. Mais après
plusieurs années d’enregistrements de voix de même nature, comportant, qui plus
est, souvent des informations d’ordre privé à son sujet, l’artiste suédois est
persuadé d’avoir enregistré des messages de l’au-delà.
Tout comme le phonographe, le magnétophone offre ainsi
la possibilité d’amplifier les sons qui étaient inaudibles lors de la prise de
son. Équipé d’un simple magnétophone à bande et d’un microphone, Jürgenson
répète à chaque tentative les mêmes gestes : il se contente de déclencher
l’enregistrement et de parler distinctement dans une ambiance calme, prenant
soin de laisser de longs intervalles pour les réponses escomptés. Si le
caractère audible de ces phénomènes a pu être obtenu, c’est non seulement grâce
à la sensibilité des outils d’enregistrement utilisés mais aussi en raison de
la possibilité d’ajuster la vitesse de lecture du magnétophone.
Au printemps 1960, l’une des voix entendues sur la
bande magnétique aurait ordonné à Jürgenson d’utiliser un poste de radio. Cette
technique l’accompagna jusqu’à sa mort en 1987. La fréquence 1485 khz qu’il
utilisa en permanence porte d’ailleurs son nom. Il parvint ainsi à capter des
milliers de voix occultes, celles de ses proches, mais aussi d’anonymes, ou de
personnes célèbres comme Vincent Van Gogh, Albert Einstein ou Joseph Staline.
Or, l’origine de la découverte de Jürgenson, la
captation de voix paranormales lors de l’enregistrement sur bande magnétique de
chants d’oiseaux n’est pas sans rappeler, comme le note Anthony Enns, le récit
des hallucinations paranoïaques de Daniel Paul Scherber. L’auteur des Mémoires
d’un névropathe (1903) consacre de nombreuses descriptions au curieux
langage des « oiseaux parlants » qui viennent le troubler sans cesse.
Ces oiseaux ont la faculté, écrit-il de « vibrer en sorte que les sons
qu’ils émettent correspondent à la modulation des mots humains. »
Schreber est persuadé que ces oiseaux portent en eux les âmes d’êtres disparus et que leurs émissions seraient en réalité des messages préenregistrés par les morts.
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