« Fais taire les morts dans ta tête »

 

Source : Le Royaume de l’au-delà par Thomas A. Edison, précédé de Machines radiophoniques par Philippe Baudouin, éditions Jérôme Millon, collection Golgotha, relecture en cours.

Le psychologue et expérimentateur letton Konstantin Raudive (1909-1974) considéra les phénomènes de voix électroniques, en tant qu’événement sonores objectivés par la bande magnétique, comme une réfutation de la psychanalyse : « l’hypothèse probable d’un inconscient s’effondre immédiatement avec la théorie des phénomènes de voix électroniques. » Interpréter les voix comme les produits de l’inconscient est hors de question, puisque la nature acoustique des phénomènes est physique et objective, martèle Raudive.

Dans ses deux principaux ouvrages, Unhörbares wird hörbar, « Quand l’inaudible devient audible », et Überleben wir den Tod ?, « Survivons-nous à la mort ? », le psychologue letton adresse aux spirites une critique identique à celle formulée par Thomas Edison. Les méthodes archaïques qu’ils perpétuent depuis le milieu du dix-neuvième siècle en seraient d’aucune aide et favoriseraient les processus d’auto-persuasion, contrairement aux techniques modernes de reproduction sonore : « Les phénomènes de voix électroniques doivent être considérés comme autonomes, répétés et indubitables. De part leur nature, ils permettent, selon le psychologue letton, d’écarter, de facto, les illusions psycho-acoustiques produites par les parasites des fréquences radio. »

Trois possibilités s’offrent à l’expérimentateur désirant capter « les voix de l’au-delà », précise Raudive : premièrement, il peut laisser tourner un magnétophone à bande dans une pièce silencieuse, puis écouter par la suite l’enregistrement ; deuxièmement, il peut utiliser le bruit blanc généré par un poste de radio positionné entre une longueur d’ondes inoccupée et coupler cela à un magnétophone ; troisièmement, il peut utiliser, comme support, le signal produit par une diode électromagnétique.

Raudive fabrique en collaboration avec le physicien Firedebert Karger de l’Institut Max Planck de Münich et Theodor Rudolph, ingénieur de la firme Telefunken, plusieurs machines fondées sur ce principe, afin que les « voix occultes » qu’il recherche puissent s’inscrire sur la bande magnétique utilisée à cet effet. Ces trois dispositifs expérimentaux sont destinés à mettre en évidence scientifiquement l’existence de « phénomènes de voix électroniques. » Raudive déclara être parvenu à enregistrer près de 78.000 voix de l’au-delà entre 1965 et 1968. Or, toute la difficulté d’identification de ces manifestations étranges tient à leur caractère à la fois éphémère et hétérogène

« 1. Les entités vocales parlent très vite, et ce, dans plusieurs langues, allant parfois jusqu’à cinq ou six différentes dans la même phrase. 2. Elles parlent selon un rythme défini, qui semble leur être imposé par les moyens qu’elles doivent employer pour communiquer. 3. Une telle façon de parler, très rythmée, impose aux phrases un style télégraphique. 4. Dépendant probablement de telles restrictions, l’abandon de règles grammaticales fréquent et un important recours aux néologismes. »

Comme toute écoute, celle de la voix des morts nécessiterait donc un apprentissage. 

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