Source : Pic de la Mirandole et la cabale par Chaïm Wirszubski, traduit de l’anglais et du latin par Jean-Marc Mandosio, suivi de Considérations sur l’histoire des débuts de la cabale chrétienne, par Gershom Scholem, édition de l’Éclat, collection Philosophie imaginaire
Pic rapporte, en
novembre 1486, que Mithridate n’avait accepté de lui apprendre « le
chaldéen », c’est-à-dire l’araméen, qu’en lui faisant jurer solennellement
qu’il n’enseignerait cette langue à personne. Mithridate s’exprime de façon
délibérément confuse, pour le cas où le manuscrit tomberait sous les yeux d’un
tiers.
Il n’accepterait
jamais d’enseigner à Pic dit-il, les choses que celui-ci veut apprendre qu’à
deux conditions : que Pic lui fournisse un adolescent à son goût ;
qu’il lui garantisse qu’il en restera toujours le maître, ce qui pourrait
signifier deux choses : que l’adolescent obéira aux ordres de Pic en
n’opposant pas de résistance à Mithridate et/ou qu’il restera à la charge de
Pic, c’est-à-dire que Mithridate n’aura pas en à en supporter les frais.
Mithridate
s’exprime de façon délibérément confuse, pour le cas où le manuscrit tomberait
sous les yeux d’un tiers, c’est pourquoi il écrit toujours « garçon »
ou « beau garçon » en hébreu. La phrase suivante : « Tu
connais Mithridate quand il veut exercer son intelligence » est également
à lire avec un grain de sel. Tout concourt à montrer que Mithridate s’estimait
indispensable, mais il n’est pas certain que le rapport de forces lui ait été
aussi favorable qu’il le croyait.
Certes, Pic a
appris l’araméen grâce à Mithridate, mais on ne sait pas lequel des deux a fini
par céder aux exigences de l’autre. De même, la chronologie interne des
traductions de Mithridate est encore trop incertaine pour que l’on puisse
déterminer si le « beau garçon » en question est Lancilotto de
Faenza, quelquefois désigné par l’expression lancea ou lancea
Faventina, « la lance de Faenza », qui était le petit ami de
Mithridate, ne font qu’un.
En tout cas, le thème du beau garçon revient souvent dans les parenthèses du traducteur, et la plupart du temps, celui-ci se lamente ou s’indigne.
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