Bardo or not Bardo ?

 

Source : Le sens caché des rites mortuaires, mourir est-il mourir ?, par Jean-Pierre Bayard, éditions Dangles

Qu’est-ce que l’âme ? Plusieurs écoles du bouddhisme répondent à notre interrogation : pour l’école du Sud — ou Theravada — l’âme est composée de cinq agrégats qui, en se dispersant au moment de la mort, forment d’autres âmes ; pour l’école du Grand Véhicule — ou Mahayana — l’âme est un tout provisoire qui se transforme comme l’indique le Bardo Thödol.

Après la mort, l’âme passe par un état intermédiaire qui peut durer 49 jours, soit sept fois sept, nombre sacré. Si durant son existence terrestre on s’est préparé à mourir, la lumière très vive, éblouissante, fait comprendre que le défunt se trouve devant un Absolu total, un Vide, le Nirvana.

Au troisième jour, le mort entre dans le Chikhaï Bardo avec la vision d’une lumière très douce, un éveil vers la réalité où l’âme rompt avec la matière. Mais si le décédé ne sait pas abandonner ses liens avec la terre, de cet état supérieur, il descend dans le Ckönyid Bardo, où son karma lui apparaît sous des formes souvent terrifiantes. En revanche, s’il a mené une vie mystique, il peut échapper au cycle des renaissances et atteindre le nirvâna. S’il considère qu’il n’a pu accomplir tout ce qu’il devait réaliser sur terre, il entre dans le Sidpa Bardo et est réincarné sur terre. Tout est provisoire : que l’être se soit placé dans un état de félicité ou dans les plus sombre demeures, il doit finalement revenir sur terre, dans des conditions plus ou moins satisfaisantes.

Quant au nirvâna qui, en sanskrit, signifie « arrêt du souffle », nous pouvons l’interpréter de bien des façons ; il peut aussi bien signifier extinction que quiétude, un état dans lequel toutes les illusions, tous les désirs disparaissent. Dans le Mahayana, le stade de la perfection peut être atteint en abandonnant la vie terrestre. Le sûtra du Lotus enseigne que la souffrance postule en elle la possibilité du Nirvâna : ainsi, naissance et mort sont l’œuvre de l’entité de la vie, par l’Éveil, on peut atteindre l’état de Bouddha et venir par l’illumination à la vérité ultime de la vie, dépassement de la mort.