Perdurabo

 

Source : Le Tarot des imagiers du Moyen Âge par Oswald Wirth, préface de Roger Caillois, éditions Tchou, relecture en cours.

Avant tout, il convient de parer à l’abus des consultations inconsidérées, répétées à tout propos, au moindre caprice et sans besoin effectif. Ceux qui jadis consultaient l’oracle ne se présentaient pas les mains vides. La règle est à retenir, mais le désintéressement du devin est de rigueur. La consultant s’imposera dont le sacrifice d’une offrande modique, mais pas entièrement insignifiante par rapport à lui-même. Un tronc dont le produit ira aux malheureux, rendra moins frivole la divination.

Ce rite préalable donne droit au consultant à une réponse sérieuse. Il équivaut à la conclusion du classique pacte divinatoire, pacte conclu sous les auspices de la bienfaisance. Mais que désire-t-il savoir ? Bien poser la question est d’une importance capitale quand la divination doit porter sur un objet déterminé, plutôt que de se lancer dans le nuageux domaine de la bonne aventure. « Dites-moi ce qui doit m’arriver » n’est pas une formule acceptable. Le consultant doit toujours ramener le plus possible sa question au présent. Désire-t-il être éclairé sur une décision à prendre ? A-t-il tort ou raison de persévérer en tel projet ? Peut-il espérer ce qu’il vient d’entreprendre ? Doit-il redouter un échec et prendre ses dispositions en conséquence ? Telle personne mérite-t-elle sa confiance ?

Le consultant n’est pas tenu de s’expliquer avec précision sur ce qu’il demande et le devin n’exigera pas d’être initié, plus qu’il n’est utile, aux secrets de la consultation. La demande peut être posée en termes généraux ne trahissant pas son objet précis ; il faut cependant que le devin en sache assez pour ne pas s’égarer dans ses interprétations. Aussi est-il de l’intérêt du consultant de parler sans réticences et de faciliter la tâche du devin en limitant son effort divinatoire.

La question arrêtée d’accord avec le devin, celui-ci bat un jeu ne comprenant que les 22 arcanes et invite le consultant à lui dire le premier nombre qui lui vient à l’esprit, égal ou inférieur à 22. Le nombre dicté par l’intuition du consultant sert à couper le jeu en indiquant le nombre de cartes qui sont à retirer du paquet battu. La dernière est retournée : c’est l’arcane affirmatif. Le chiffre qu’il porte dans l’ordre du Tarot est noté (22 s’il s’agissait du Fou) puis toutes les cartes sont réunies et battues une seconde fois.

Le consultant désigne alors un nouveau nombre, indicateur, par le même procédé de l’arcane négatif, dont le chiffre est inscrit à son tour. Puis, le jeu re-complété subit un troisième tirage, le consultant désigne un troisième nombre, qui fait sortir le juge de la réponse oraculaire. Enfin, quatrième et dernier tour déterminatif de l’arcane-sentence.

Les chiffres de ces arcanes sortis, qu’il ne faut pas confondre avec les nombres venus à l’idée du consultant, sont additionnés. Si le total obtenu est égal à 22, l’arcane synthèse est le Fou. Si la somme dépasse 22, ses deux chiffres additionnés désignent l’arcane synthétique : 23 = 2+3 = 5, 57 = 5+7 = 12, etc.

Les quatre arcanes sortis et leur synthèse constituent la réponse muette du Tarot. Étalée devant le consultant, elle prend la forme d’une croix. 1. Affirmation : Pour. (Gauche) 2. Contre : Négation (Droite) 3. Discussion : Juge (tendance, en haut) 4. Sentence : Solution (en bas)

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