Ill. : Bod Mas
par Black Pyramid. Source : Introduction à la Magie Sacrée ou Livre
d’Abramelin le Mage, transcrite, présentée et annotée par Robert
Ambelain, éditions Buissière.
L’Écriture nous rapporte
qu’Élie fut enlevé au Ciel, dans un Char de Feu. Or, nous savons ce qu’est ce
char, c’est le nom ésotérique de la Merkavah dans la Kabbale, ce qui signifie
que, mené par les techniques méditatives secrètes de ladite Kabbale aux
extrêmes limites de l’Extase mystique, Élie a expiré purement et simplement par
cette mort spéciale que les gemara palestiniennes appellent le « Baiser de
Dieu » et que l’Orient nommait le Samad’hi.
Son cas est donc analogue
à celui de Moïse : s’il a pu toutefois, plus heureux que lui, pénétrer
dans la symbolique « Terre Promise », c’est-à-dire être immédiatement
intégré au Plérôme après sa mort, il est bel et bien mort selon la chair.
Ainsi, au sommet du mont désolé du Tabor, entouré de ses trois disciples
favoris, les trois « supérieurs » parmi les Douze, le Christ fait
apparaître, interroge et reçoit un enseignement le concernant, de deux morts…
Ne s’agit-il pas là, outre
la démonstration de sa puissance, et de sa gloire, d’une véritable
Évocation ? S’il ne s’était agi que de la manifestation de sa finalité
divine, la Nuée et la Voix qui en sortait étaient bien suffisantes. Il n’était
nul besoin de faire remonter du Shéol ou descendre du Plérôme, les Âmes de
Moïse et d’Élie ! Et pour eux seuls, la chambre haute d’une maison de
Jérusalem eut suffi. Nul besoin du Tabor.
Cette étrange
manifestation de sa puissance a un mystérieux écho dans les prolongements
rituéliques du Christianisme primitif. Elle est peut-être le lien justificateur
de la conservation du Suaire, de la Couronne d’épine, de la Tunique, occultes
supports qui auraient permis aux Disciples d’espérer obtenir par la suite le
maintien d’un contact avec le Maître Mort à la Chair… Cette croyance aurait été
à la source de la première liturgie eucharistique, qui se déroulait déjà, dans
les églises d’Orient, très tôt après la mort du Christ, sur un sachet contenant
des reliques de Saints : disciples, apôtres, et cela bien avant les
persécutions de Rome et les messes latines célébrées dans les Catacombes sur
les tombeaux des martyrs.
Ce point les historiens
les plus exigeants de la liturgie ne nous le contesteront pas :
l’antimension orientale précède la pierre d’autel occidentale et de très loin.
Mais n’y eut-il pas autre chose encore que cette Évocation de Moïse et
d’Élie ? Il y eut des contacts entre le Christ et Satan durant la vie
terrestre du premier. On connaît l’épisode de la Tentation au sommet du mont de
la Quarantaine dans les solitudes sinistres du Désert de Juda. Mais on omet de
mettre en relief cette phrase des Écritures, prononcée peu avant le début de Sa
Passion ;
« Satan m’a demandé
de vous cribler tous, comme on crible le froment… » (Luc, 22 :3)
Ainsi, le Prince des Ténèbres est apparu au Christ, au cours de sa vie publique. Mais est-on bien certain que le Seigneur ne convoqua jamais l’Adversaire ? On ne saurait dire ni ou ni non, évidemment. Mais il est étrange qu’intuitivement, les maîtres verriers médiévaux aient toujours représenté le Christ aux scènes de la Tentation et face à Satan, revêtu d’une robe noire, cette robe que la Tradition théurgique impose à qui va être en contact avec les Forces de même nature, au cours d’une évocation.
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