Depuis plusieurs mois, on
voyait des signes extraordinaires dans le ciel : l’épi de la Vierge avait
manqué à l’appel de l’observatoire : la lune avait poussé des gémissements
comme si elle eût été en travail ; la chevelure de Bérénice avait d’abord
paru poudrée de blanc, et ensuite, par un coup de vent, était devenue noire
comme un crêpe.
Tous les astres à la fois
paraissaient donner des signes de tristesse. Ce n’était plus ce concert
harmonieux que les sphères célestes firent entendre autrefois à Scipion. Elles
ne rendaient que des sons lugubres comme les faux bourdons des
cathédrales ; ou discordants comme les hurlements de plusieurs animaux.
Enfin, quelques personnes même crurent voir dans la région des étoiles, comme
de grands crocodiles qui s’agitaient avec des contorsions effroyables.
Les savants, il est vrai, ne
voyaient là aucun prodige. D’un trait de plume, ils expliquaient tous ces
phénomènes, ou ils les niaient quand ils ne pouvaient pas les expliquer ;
aussi paraissaient-ils fort tranquilles mais le peuple qui n’a pas comme eux la
clef de la nature se mourait de frayeur à la vue de ces merveilles ; il
n’y a percevait que les plus sinistres présages. Il se lamentait, errait ça et
là, et courait partout où son désespoir et la peur l’entraînaient.
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