L’auteur a toujours eu la lubie de trouver un critère
infaillible de la valeur littéraire, applicable en toutes circonstances, radicalement
laconique, comme qui dirait une règle d’usage pour lui-même et pour tous. Le
résultat a été maigre et pourtant… La meilleure devise demeure ici quoi qu’on
en dise : « Comme il faut. » Que le degré du comme-il-faut dans
un livre corresponde à tous les coups à son degré de nullité. Comme il
faut : sage, bien élevé, doux, obéissant, moral, toutou, bon enfant, bonne
pâte… autant de qualificatifs pour dire le vice propre de la vie spirituelle,
son néant, sa putréfaction, sa gale, son infection, sa saleté, son fèces. Les
données de ce puantomètre sont toujours précises, certaines, pourvu qu’on
veille à jeter ses sondes judicatives assez profond pour ne pas succomber, juge
et partie, aux cent mille chants des sirènes… Quel est le type le plus
abjectement comique ? À bien y regarder, tous ces gentils petits gars qui
auraient dû recevoir la mention « excellent » en conduite et en mœurs
si l’instit, c’est-à-dire le peuple, n’était pas complètement débile.
Ladislav Klima : Le Monde comme conscience et rien
Commentaires
Enregistrer un commentaire