Où est donc l’acte pur ? Je n’en vois qu’un, qui est la mort, le refus de la vie. Pourquoi n’y pas penser ? Une mort volontaire qui serait le contraire d’un suicide, en ce sens qu’elle serait transparente à elle-même et s’efforcerait ainsi de rassembler à cette mort idéale des Cathares dont nous avons parlé. La mort ne ruse pas. Elle est parfaitement opaque ou pleinement transparente. Elle ne participe en rien de la grisaille plus ou moins mêlée, plus ou moins sale de la vie. Elle est totalement propre. Pourtant, je ne veux pas mourir. J’ai d’autres armes.
Voilà pourquoi j’ai proposé l’impression de mes Thèses. Parce que c’est aussi, en un sens, un acte propre et clair, un acte total qui engage l’homme corps et âme. Et aussi parce qu’une véritable impression met ce texte hors du temps et de l’espace en sorte que personne ne pourra en contrôler le cours, ce qui n’engage plus seulement l’homme mais le monde. Vous allez me dire qu’en regard du problème du mal, dans son ensemble, c’est quand même bien peu. C’est peut-être au contraire beaucoup. Bien plus en tout cas qu’un acte symbolique…
Raymond Abellio : La Fosse de Babel
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