Antichtone

Ill. : L’Île des morts par la regrettée Keleck. Texte : La Clef de la magie noire, essais de Sciences Maudites par Stanislas de Guaita

Les morts, qu’entendons-nous par là ?

Nous avons vu que l’être psychique, dépouillé de son organisme, se désagrège plus ou moins vite. Élémentaire, il groupe encore en soi l’ensemble des principes survivant à son corps ; mais, après un variable séour dans le gouffre d’Hécate, l’âme réelle, siège de la personnalité vraie, rejetant le lest impur de la fausse personnalité, va rejoindre sur l’Antichtone, ou terre spirituelle, les aînés de sa race. Dès lors, il ne reste plus, dans l’atmosphère de la planète, que l’Ombre, ou la dépouille astrale éliminée, en proie à sa désintégration lente et progressive ; car le spectre phosphorescent de la vitalité inférieure, qui ne s’éloigne point du cadavre de chair, s’est déjà dissous avec lui.

En quoi consistera donc le mort, que l’art du nécromancien se flatte d’évoquer ? L’âme antichtonique répond-elle aux évocations ? Preque jamais — L’Élémentaire peut-il se manifester ? Quelquefois. L’Ombre réactionnée peut-elle apparaître ? Rarement. Mais, à l’ordinaire des expériences de Nécromancie, les êtres qui se produisent sont parfaitement étrangers à la race humaine. Il n’en fut pas toujours ainsi. Les conditions ne sont plus ce qu’elles étaient. Une réserve s’impose, à l’égard d’une Nécromancie, coutumière aux prêtres de l’ancien monde, et qu’on pourrait qualifier d’orthodoxe, car elle se fondait sur la gnose hiérarchique des posthumes étapes, et faisait partie intégrante de la synthèse scientifique des posthumes étapes, et faisait partie intégrante de la synthèse scientifique et religieuse qui mariait la terre au ciel.

Dans les religions unitaures, un lien constamment tendu, de l’endroit à l’envers de la substance cosmogonique, reliait la lumineuse Antichtone à la terre d’épreuve et d’objectivité. Des communications étaient normales et faciles, alors, qui ne s’établissent plus qu’à titre exceptionnel, et par l’effort de quelques initiatives isolées. Quand l’aïeul évoqué ne manifestait pas sa présence réelle, du moins, pouvait-il, à la faveur de la chaîne sympathique intermédiaire, épanouir sa gloire, sous forme d’emprunt, image astrale vitalisée par lui et toujours docile au magnétisme de sa volonté lointaine.

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