Zigabénus

 

Si l’on fait abstraction des hérésies filles du gnosticisme d’une part et du manichéisme chrétien d’autre part, pour se cantonner dans l’étude des sectes médiévales, on peut dire que la mention la plus claire de doctrines lucifériennes est celle qui se rencontre dans la « Panoplie dogmatique » d’Euthymius Zigabénus, fin du onzième siècle. Cet auteur, renseigné par l’empereur Alexis I de Comnène, qui avait fait sur le sujet une enquête personnelle, attribue aux bogomiles de Bulgarie, qui sont en fait des néo-manichéens, les doctrines suivantes : « Ils disent que le démon est le fils même de Dieu le Père, et l’appellent Satanaël ; il est plus ancien et plus puissant que le Fils-Verbe, étant son aîné.

Tous deux sont frères, Satanaël était, on peut dire, l’administrateur de la puissance paternelle, mais il fomente contre le Père une révolte ; finalement, il est chassé du ciel. Il n’en conserve pas moins sa puissance créatrice ; c’est lui qui a créé la terre et tout ce qu’elle porte, façonné le corps d’Adam, auquel il a fait donner par le Dieu Père un souffle de vie. Il est aussi l’inspirateur de Moïse ; c’est lui avec ses suppôts qui habite les temples, y compris celui de Jérusalem et les églises chrétiennes. Selon le Dictionnaire de Théologie catholique, article Lucifériens, col. 1044, « le Christ lui-même aurait prescrit, dans l’Évangile, de lui rendre hommage, pour éviter sa colère, car sa puissance reste grande et le Christ ne saurait lui résister. »

On constate la similitude de pensée entre les bogomiles cathares et le Satan-Paraclet de Léon Bloy.

Ill. : Otto Rapp
Raymond Barbeau : Un prophète luciférien, Léon Bloy

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