Un nihiliste et un homme qui connaît les principes de la civilisation, ne serait-ce que d’une manière superficielle. Un homme simplement non civilisé, un sauvage, n’est pas un nihiliste… Le soldat romain qui réduisit à néant les cercles que traçait Archimède n’était pas un nihiliste : c’était juste un soldat. J’ai dit : la civilisation, je n’ai pas dit la culture. Car j’ai remarqué que beaucoup de nihiliste sont de grands amoureux de la culture, en tant que distincte de la civilisation et opposée à la civilisation.
Par ailleurs, le mot culture laisse dans l’indétermination ce qu’est la chose qu’il s’agit de cultiver, le sang et la terre ou l’esprit, tandis que le terme de civilisation désigne immédiatement le processus visant à faire de l’homme un citoyen et non un esclave, un être policé et non un voyou. Une communauté tribale peut bien avoir une culture, produire des hymnes, des chants, des ornements pour ses vêtements, de la poterie, des danses, des contes de fées et que sais-je encore, et en jouir ; elle ne saurait cependant être civilisée.
Leo Strauss : Nihilisme et politique
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