« La djellaba, c’est pas ce qui faut sous nos climats »

Source : Le Roi du monde par René Guénon, éditions Gallimard, collection Tradition.

Le même mot Luz est aussi le nom donné à une particule corporelle indestructible, représentée symboliquement comme un os très dur, et à laquelle l’âme demeurerait liée après la mort jusqu’à la résurrection. Comme le noyau contient le germe, et comme l’os contient la moelle, ce luz contient les éléments virtuels nécessaires à la restauration de l’être ; et cette restauration s’opérera sous l’influence de la « rosée céleste » revivifiant les ossements desséchés ; c’est à quoi fait allusion, de la façon la plus nette, cette parole de Saint Paul : « Semé dans la corruption, il ressuscitera dans la gloire. » Ici, comme toujours, la gloire se rapporte à la Shekinah, envisagée dans le monde supérieur, et avec laquelle la « rosée céleste » a une étroite relation, ainsi qu’on a pu s’en rendre compte précédemment.

Le Luz étant impérissable, est, dans l’être humain, le « noyau d’immortalité », comme le lieu qui est désigné par le même nom est le « séjour d’immortalité » : là s’arrête, dans les deux cas, le pouvoir de l’Ange de la Mort. C’est en quelque sorte l’œuf ou l’embryon de l’Immortel ; il peut être comparé aussi à la chrysalide d’où doit sortir le papillon, comparaison qui traduit exactement son rôle par rapport à la résurrection. On situe le Luz vers l’extrémité inférieure de la colonne vertébrale ; ceci peut sembler assez étrange, mais s’éclaire par un rapprochement avec ce que la tradition hindoue dit de la force appelée Kundalini, qui est une forme de la Shakti considérée comme immanente à l’être humain. Le mot « kundalî » signifie enroulé en forme d’anneau ou de spirale et cet enroulement symbolise l’état embryonnaire et non développé.

Cette force est représentée sous la figure d’un serpent lové sur lui-même dans une région de l’organisme subtil correspondant précisément aussi à l’extrémité inférieure de la colonne vertébrale ; il en est du moins ainsi chez l’homme ordinaire ; mais, par l’effet de pratiques telles que celles du Hatha-Yoga, elle s’éveille et se déploie et s’élève à travers les « roues » (chakras) ou « lotus » (kamalas) qui répondent aux divers plexus pour atteindre la région correspondant au troisième œil, l’œil frontal de Shiva.

Ce stade représente la restitution de l’état primordial, où l’homme recouvre le sens de l’éternité et par là, obtient ce que nous avons appelé ailleurs, l’immortalité virtuelle. Jusque-là, nous sommes encore dans l’état humain ; dans une phase ultérieure, Kundalînî atteinte finalement la couronne de la tête, l’artère coronale, et cette dernière phase se rapporte à la conquête effective des états supérieurs de l’être. Ce qui semble résulter de ce rapprochement, c’est que la localisation du luz dans la partie inférieure de l’organisme se réfère seulement à la condition de l’homme déchu ; et, pour l’humanité terrestre envisagée dans son ensemble, il en est de même de la localisation du centre spirituel suprême dans le monde souterrain.

Commentaires