L’apocalypse des évangiles et celui de Saint Jean parlent de l’ultime, de l’eschaton ; à ce niveau, on sent l’impuissance de la parole seule, et c’est pourquoi elle s’achève dans une immense vision éclatante de formes et de couleurs qui parlent à leur propre manière, plastique. À l’angoisse de Job, Dieu répond par une succession massive d’images qui révèlent et en même temps protègent son mystère, et Job confesse : « Mon oreille avait entendu parler de toi, mais maintenant mon œil t’a vu. » Dans la Bible, la parole et l’image dialoguent, s’appellent l’une l’autre, expriment les aspects complémentaires de la même et unique Révélation.
Des signes visibles jalonnent l’Histoire et remontent à l’arc-en-ciel, image céleste de l’alliance inébranlable entre Dieu et les hommes. Les autels et les sanctuaires préfigurent le Temple, lieu théophanique, et témoignent contre toute forme abstraite de la piété. Les prophètes sont angoissés par le pur spirituel, ils évaluent la distance tragique, invivable entre le ciel et la terre et Isaïe pousse le cri de l’âme juive : « Si tu déchirais les cieux et si tu descendais sur la terre. » Ce cri exprime l’exigence de la dimension spatiale, elle attend et attire l’Incarnation. « En vérité, je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert, et les anges montant et descendant sur le Fils de l’homme. » (Jean 1, 51)
Paul Evdokimov : L’Art de l’icône
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