Atropa Mandragora

Source : Le Serpent de la Genèse, première septaine, Le Temple de Satan par Stanislas de Guaita, coll. Essais de Sciences maudites.

La Mandragore, « Atropa Mandragora », est une plante narcotique et vénéneuse, de la famille des Solanées, très cousine de la Belladone, « Atropa Belladona. »

L’on sait que toutes les Solanées vitreuses, telles que Morelle, Belladone, entraient au même titre que la Ciguë, l’Œnanthe et le Chanvre, dans la préparation des onguents magiques, hérissée de filaments touffus, affecte le plus souvent la figure des cuisses ou des organes génitaux ; elle présente parfois aussi l’ébauche d’une tête humaine. Une vieille tradition veut que l’homme ait apparu primitivement sur la terre, sous des formes de mandragores monstrueuses, animées d’une vie instinctive, et que le souffle d’En-Haut évertua, transmua, dégrossit, enfin déracina, pour en faire des êtres doués de pensée et de mouvement propre.

Aussi, fût-ce au Moyen Âge le rêve ou le délire de certains adeptes, aspirants à la Maîtrise vitale, de retrouver la composition du limon-principe, afin d’y faire croître des mandragores, qu’ils eussent réactionnées et suscitées à la vie mentale, par l’infusion de l’Archée. D’autres, moins ambitieux, se contentaient d’obtenir de faux Téraphim en invoquant une larve dans une mandragore taillée en forme humaine : hideuse idole qu’ils conjuraient pour en tirer des oracles… L’on n’imagine pas à quelle furieuse vésanie les portait la superstition.

C’est sous les gibets qu’ils allaient chercher la mandragore ; pour l’arracher de terre, ils attachaient à sa racine la queue d’un chien, qu’ils frappaient d’un coup mortel. En se débattant, la pauvre bête agonisante déracinait la mandragore. Alors, croyaient-ils, l’âme sensitive du chien passait dans la mandragore et, par sympathie, y attirait l’âme spirituelle du pendu.

D’autres sorciers forgeaient un Androïde métallique, par lequel ils ne désespéraient pas de conférer le don de la parole. Par extension, on appela Mandragore, les Androïdes, les Homonculus et les Téraphim : on en arriva même à nommer ainsi toute préparation magique, susceptible de rendre un oracle.

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