Source : Le Roi du monde par René Guénon, éditions Gallimard, collection Tradition.
En Europe, tout lien établi consciemment avec le centre par le moyen d’organisation régulières est actuellement rompu, et il en est ainsi depuis déjà plusieurs siècles ; d’ailleurs, cette rupture ne s’est pas accomplie d’un seul coup, mais en plusieurs phases successives.
La première de ces phases remonte au début du quatorzième siècle ; ce que nous avons déjà dit ailleurs des Ordres de Chevalerie peut faire comprendre qu’un de leurs rôles principaux était d’assurer une communication entre l’Orient et l’Occident, communication dont il est possible de saisir la véritable protée si l’on remarque que le centre dont nous parlons ici a toujours été décrit, au moins en ce qui concerne les temps « historiques » comme situé du côté de l’Orient. Cependant, après la destruction de l’Ordre du Temple, le Rosicrucianisme, ou ce à quoi on pouvait donner ce nom par la suite, continua à assurer la même liaison, quoique d’une manière plus dissimulée.
La Renaissance et la Réforme marquèrent une nouvelle phase critique et, enfin, d’après ce que semble indiquer Saint-Yves, la rupture complète aurait coïncidé avec les Traités de Westphalie qui, en 1648, terminèrent la guerre de Trente Ans. Or, il est remarquable que plusieurs auteurs aient affirmé précisément que, peu après la guerre de Trente Ans, les vrais Rose-Croix ont quitté l’Europe pour se retirer en Asie ; et nous rappellerons, à ce propos, que les Adeptes rosicruciens étaient au nombre de douze, comme les membres du cercle le plus intérieur de l’Agartha, et conformément à la constitution commune à tant de centres spirituels formés à l’image de ce centre suprême.
À partir de cette dernière époque, le dépôt de la
connaissance initiatique effective n’est plus gardé réellement par aucune
organisation occidentale ; aussi Swedenborg déclare-t-il que c’est
désormais parmi les Sages du Thibet et de la Tartarie qu’il faut chercher la
« Parole perdu » ; et, de son côté, Anne-Catherine Emmerich a la
vision d’un lieu mystérieux qu’elle appelle « la Montagne des
Prophètes », et qu’elle situe dans les mêmes régions. Ajoutons que c’est
des informations fragmentaires que Mme Blavatsky put recueillir sur ce sujet,
sans d’ailleurs en comprendre vraiment la signification, que naquit chez elle
l’idée de la « Grande Loge Blanche » que nous pourrions appeler, non
plus une image, mais tout simplement une caricature ou une parodie imaginaire
de l’Agartha.
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