Neûre aguèce

Si je ne m’abuse, voici comment elle procédait : elle me suivait pas à pas, les yeux fixés sur moi, s’efforçait d’imiter le moindre de mes mouvements, s’identifiait pour ainsi dire à mon être. Après avoir ainsi parcouru une certaine distance, elle se représentait en imagination une corde tendue devant moi, à un demi-mètre du sol. Au moment où je devais rencontrer cet obstacle fictif, Olessia simulait une chute ; alors, affirmait-elle, l’homme le plus robuste était impuissant à maintenir son équilibre… Ces explications confuses me revinrent en mémoire, beaucoup plus tard, en lisant les expériences opérées à la Salpêtrière par le docteur Charcot sur deux hystériques, voyantes professionnelles. Je fus fort surpris d’apprendre que les « sorcières » françaises recouraient au même procédé que ma jolie magicienne de Polésie.

Alexandre Kouprine : La Sorcière Olessia

 

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