La mort d’une culture ne signifie pas la disparition des valeurs humaines, ajoute Wittgenstein, avant de conclure : il reste que j’observe sans sympathie le courant de la civilisation [Zivilisation] européenne, sans comprendre ses buts, si tant qu’elle en ait. » Un passages des conversations de Gustav Janouch avec Franz Kafka fait écho à ces propos de Wittgenstein : « Le peuple de la Bible est le rassemblement d’individus par une loi. Or, les masses d’aujourd’hui résistent à tout rassemblement. Elles tendent à s’éparpiller, du fait qu’aucune loi ne les régit intérieurement. Voilà le moteur de leur incessant mouvement. Pour aller où ? Et d’où viennent-elles ? Personne ne le sait. Plus elles marchent, et moins elles atteignent un but. Elles usent vainement leur énergie. Elles pensent avancer, mais elles ne font que marcher sur place et tomber dans le vide. » Le thème de la Loi disparue et inconnaissable, dans un monde pourtant régi par d’implacables et absurdes légalités, chez Kafka, ne pourrait-il pas être comparé à la réflexion de Wittgenstein sur la condition moderne comme jeu qu’il faut jouer sans espoir d’en percer la règle.
Jacques
Le Rider : Modernité viennoise et crise de l’identité
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