Tout disparaîtra

 

La mosaïque byzantine, l’icône, la fresque sont des mondes finis, clos, des objets de pure contemplation. Nous nous trouvons toujours dans l’univers plein, présent à lui-même, du Bien. Pas de mystère dans l’infinité du monde qui est aussi transparent à nous-mêmes que notre être propre. L’ordre règne, un Dieu débonnaire veille au-dessus, nous lui rendons l’hommage qui lui est dû et il nous le rendra au centuple le moment venu. Pas d’écart, pas d’égarement, pas de démesure, pas de vide, pas de trou, pas d’impossible. C’est cet ordre, cette continuité harmonieuse de l’espèce, ce tissu serré du monde, cette compacité de l’être, que la peinture attaque avec la violence d’un vitriol. Le Mal la gagne à son tour, comme la peau de Job, rongée par la lèpre. Ce n’est même plus le supplice du chevalet, c’est l’épreuve du four crématoire.

Arvo Pärt : De Profundis
Jacques Henric : La Peinture et le Mal

Commentaires