Ill. : Nona Limmen. Source : Le Satanisme et la magie par Jules Bois, éditions Jérôme Millon, collection Golgotha.
J’ai un faible pour le sorcier qui comprend les forçats
de l’universel paysage, qui trébuche, craignant à chaque pas de piétiner une
âme, qui, fuyant les villes et les gens, s’allie aux bêtes, choisit les plus
décriées, devance Hugo en son affection enthousiaste pour le crapaud,
réhabilite avant lui Satan, s’allie avec le reptile, manipule l’ordure, sait,
avec Paracelse, qu’au fond des matières putréfiées, palpite la vie nouvelle,
dictame et résurrection.
Il fait le mal, dites-vous ? Il est vrai. Il fait
le mal, mais avec la simplicité des animaux qui se défendent. Il fait le mal
comme tuent les énergies naturelles, en qui réside pourtant la possibilité de
toute guérison. Il fait le mal mais il n’a pas toujours tous les torts. Le
crime est presque excusable s’il est beau, d’ardeur simple, s’il dépasse la
médiocre vertu où barbotent le juge, la mondaine, le bourgeois, le curé, et se
hisse au-dessus de la société hypocrite, regarde des anges avec un sourire
éploré reflétant leur sereine pitié, appelle Dieu irrésistiblement, comme cette
voix du Psalmiste, criant des profondeurs de la faute.
Le sorcier fait aussi le bien. Il en est qui
guérissent ; qui, aux heures désespérées, quand le médecin les abandonne,
apportent le dictame inédit ou la drogue qui ressuscite. Les meilleurs ne
veulent pas être payés, acceptent au plus quelque don en nature. Paracelse,
lui, raconte qu’il tint des sagas et des bourreaux ses meilleures recettes et
les remèdes de bonnes femmes sont encore en faveur dans les campagnes. Ce sont
les bribes du codex de la sorcellerie. Le secret consiste le plus souvent en
des simples méconnus, en de la force vitale surtout, extraite de l’animal
sacrifié et dont la moiteur sanglante, appliquée à même là peau, transmet une existence
qui s’évade.
Parfois, la pharmacopée du traîne-guenilles est immonde
comme lui, elle distille l’ordure, mais devant la nature, y a-t-il des
substances abjectes ? Toujours, d’ailleurs ce même instinct de recueillir
la chaleur de la vie partout où elle s’attarde encore. Les talismans non plus
ne sont pas inutiles. Les métaux deviennent des propriétés secrètes que les
électriciens modernes ont accrues, mais, n’ont pas su encore classer. Tout
cela, c’est de la sorcellerie, une science confuse, où pêchent les inventeurs.
Peu de remèdes intérieurs, le contact d’un sachet grouillant de reptiles ou
d’une chenille ; fumées de plantes, parfois.
En somme, ce qui agit le plus directement, le plus sûrement, c’est la volonté du nomade, sa puissance de suggestion. Les momeries de bouche ou de main, si dédaignées par les savants des facultés, sont encore les plus efficaces, elles qui précisent et dirigent le magnétisme curateur.
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