Selon un sondage, naguère publié par Sudpresse, 80% des « belges »
— sans préciser quelle proportion de Flamands, Wallons, Bruxellois —, ne
croient pas en la version officielle de l’Affaire Dutroux. Cette appellation,
« version officielle », désigne la vérité judiciaire : il n’y
avait pas de "réseau" en dehors des accusés, reconnus coupables, Dutroux,
Lelièvre et Martin.
En réalité, la version médiatique fut plutôt l’inverse. Dès
l’arrestation des coupables, les médias bruxellois véhiculèrent implicitement
la thèse d'un "méga-réseau" secret, en partie par sensationnalisme, pour augmenter le tirage
de la presse écrite, déjà en crise à l’époque. Aujourd’hui encore, l’Affaire
Dutroux constitue une rente journalistique, mais aussi politique. Rappelons que
la rumeur d’un « grand réseau » fut encouragée par l’establishment
lui-même. Ainsi, le socialiste et franc-maçon Patrick Moriau évoquait une
« méga-protection », appuyé en ce sens par sa sœur Anne-Marie
Lizin.
Un juge chargé de l’affaire participa également à la rumeur en s’exclamant : « Si on me laisse faire… » En réalité, il faisait référence aux pressions politiques de l'Affaire Cools, avérées et ô combien bien plus gênantes, ce que l'on omet en général de préciser. Par la suite, le juge fut dessaisi, ce qui provoqua des émeutes — forcément, ce ne pouvait être qu’un complot, et c’est ainsi que le Palais de justice de Liège fut aspergé par des lances d’incendies.
Mais ce que le bon peuple ignorait, ou feignait d’ignorer, c’est que ce juge fut dessaisi par sa propre faute, une faute grossière qui plus est, incompréhensible de la part d’un juriste professionnel : le fameux souper spaghetti. Qu’un juge aille dîner au restaurant avec les parties civiles, voilà qui peut paraître bizarre d’un point de vue légal et qui ne présage pas d’une justice très saine. La loi est un ensemble de procédures qui doivent rester neutres et objectives. Même l’avocat de Dutroux, Me Julien Pierre, avoua sa gêne à ce que les parties civiles lui aient tendu une perche pareille.
À chaque occasion, sournoisement, Bruxelles relayait et amplifiait
le moindre détail scabreux, occultant le reste de l'actualité, de sorte que la
thèse du grand complot cristallisa naturellement dans les esprits — et c’était
le but recherché : faire peur après avoir fait honte... Les Wallons,
jusqu’alors décrits comme des chômeurs, des bons à rien, d’éternels assistés,
montaient de catégorie : ils devenaient suspects des pires atrocités... des
atrocités sexuelles !
Bien sûr, les médias belgicains ou flamands n’affirmèrent jamais aussi
brutalement que les Wallons étaient des abuseurs d’enfants, sauf par
prétérition, par sous-entendus. Ainsi, aucun journaliste n’effectua une
comparaison entre le nombre d’affaires criminelles en Flandre et en Wallonie. La différence de traitement
fut flagrante avec l’affaire De Gelder : au début des années 2000, cet
adolescent psychopathe assassina des bébés à coups de couteau dans une crèche
de Termonde. Non seulement personne ne se posa la question de l’existence de réseaux,
mais l’affaire est aujourd’hui totalement oubliée. En quoi Dutroux est-il
pire que de Gelder ?
Peu avant l’été où éclata l’Affaire, le ministre wallon Eerdekens s’était emporté face aux nationalistes flamands, lançant une pique rattachiste : « Si vous voulez la France aux portes de Bruxelles, continuez, la Wallonie sait vers qui se tourner. » Si les médias de la capitale avaient cherché à nous faire payer cet affront (un Wallon tenant tête aux Flamands, osant évoquer un avenir autre que belgicain) ils n’auraient pas procédé autrement.
Tout se
déroula comme une psy-op. La fameuse grande Marche blanche n’eut rien de
spontané : elle fut organisée de main de maître par RTL et par la
RTBF. Le personnel politique, majoritairement francophone, s’empressa d’y
parader, preuve que l’affaire n’avait nullement « ébranlé le
système », au contraire : elle le consolidait. Ironiquement, lors de ce même défilé de Bisounours,
la police arrêta quelques pédophiles, des vrais — le cas de Me Hissel est édifiant :
ou comment le « chevalier blanc » se retrouva dans de beaux draps.
Ensuite, nous eûmes droit aux retransmissions quotidiennes de la « commission
d’enquête », sorte de procès de Moscou, où le bellâtre flamingant
Verwilghen, impliqué dans de sombres trafics d’armes avec des pays musulmans,
donnait des leçons à quelques lampistes wallons, comme ce petit flic paumé,
paralysé comme un lapin dans les phares d’une voiture. De tout ce cirque-Vichinsky,
on ne retiendra que la phrase, dégoulinante de paternalisme flamand :
« Il y en a un de vous deux qui ment. » Concrètement, cette opération
produisit quatre effets en Wallonie, beaucoup moins en Flandre où un autre
agenda (économique, indépendantiste, ethnique) préoccupait la population ;
le nombre de comités blancs fut d’ailleurs moindre en Flandre que dans le sud
du pays.
1. Naissance de l’émocratie dans laquelle nous baignons
aujourd’hui. Certains politiques prirent l’habitude de s’exprimer comme s’ils
s’adressaient à des débiles — l’ignoble Michel Daerden. Cette mièvrerie stupéfiante, dans tous les sens du
terme, répondait aux attentes d’une population déboussolée et traumatisée, à
l’identité toujours plus incertaine, voire réduite à néant.
2. Pression constante à la baisse sur l’enseignement et la
culture, désormais centrés sur la psychologie et les désirs des enfants au lieu
de se focaliser sur la transmission de contenus intellectuels. Il en résulta
aussi une démission parentale : plus personne n’osa morigéner ses enfants,
de peur de passer pour un bourreau à mesure que la suspicion frappait toute la
société en Wallonie : et si mon voisin en était un ?
3. Harcèlement des catholiques, boucs émissaires d’une campagne de
dénigrement des médias, relayée par le lobby de la laïcité-à-la-belge — je
crois me souvenir de perquisitions chez Mgr Danneels et c’est aussi après cette
campagne que le Parti Social Chrétien se rebaptisa Centre Démocratique
Humaniste, humaniste étant un euphémisme pour maçonnique.
4. Apparition d’un formidable outil de diversion : à chaque mesure antisociale du gouvernement fédéral, majoritairement flamand, les médias de Bruxelles agitèrent l’effigie de Michèle Martin. Régulièrement, les titres du groupe Rossel, bruxello-flamand, se livrèrent à des appels au lynchage, précisant la date et le lieu où Martin séjournait en libération conditionnelle. D’où ce saisissant paradoxe : tous les médias, y compris les parties civiles, condamnent la peine de mort... mais en la remplaçant par le lynchage, sans que personne n’y trouve à redire, de crainte d’être lui-même lynché.
Par
parenthèses, ce genre de sordide « manifestation » est le meilleur
argument en faveur du rétablissement de la peine de mort qui aurait le mérite
de rétablir une hiérarchie symbolique (tous les crimes ne se valent pas) et de calmer les esprits, par un châtiment exemplaire, mais exceptionnel, réservé à des individus qu’on
sait irrécupérables : les tueurs en série. En effet, l'abolition de la peine de mort ne consiste pas seulement à ne plus couper la tête des coupables, mais repose sur le postulat, ou sur le pari, que tout condamné est amendable et nous savons aujourd'hui que c'est faux. Enfin, la peine de mort permettrait aussi de libérer des moyens pour d'autres détenus qui, eux, pourraient être réinsérés.
Revenons à nos réseaux... Visiblement, les prétendues méga-protections de Michèle Martin ne sont
toujours pas parvenues à l'exfiltrer, tout comme on attend les fameuses
révélations du principal coupable, sauf qu’il n’a pas grand-chose à nous
apprendre. « C’est pas moi ? » Mais encore… Si Dutroux savait
réellement quelque chose, il aurait intérêt à le dire au plus vite. À supposer
qu’il soit au centre d'une gigantesque toile d'araignée, il serait étrange
qu'une telle mafia l'ait laissé en vie, compte tenu des informations qu'il
détiendrait alors.
Aujourd’hui, une majorité de « Belges » seraient donc
convaincus de l’existence d'un vaste réseau criminel pédophile sur leur territoire… qu’en
disent les chiffres officiels de la police ? Quid du nombre exact
d’enfants réellement disparus, et non des simples fugues, ou d’accidents
malheureux ? Quid aussi du lien entre les affaires de mœurs et l’alcoolisme —
parents qui boivent, enfants qui trinquent — dans un pays où l’industrie
brassicole joue les mécènes auprès de l’enseignement et pour le soi-disant pacte
d’excellence ?
D’autre part, si les Belges sont intimement convaincus de
l’existence de ce réseau, pourquoi ne se mobilisent-ils pas en masse pour
exiger la réouverture du procès ? S’ils sont autant persuadés que leurs
enfants sont en danger, guettés par des mafias, que font-ils au juste ? Rien.
En réalité, les « Belges » ne croient pas à la thèse du grand réseau occulte.
Sinon, leur comportement serait tout autre, à commencer par les parties civiles,
qui furent à peu près toutes récupérées par le monde politique, puis intégrées
au système spectaculaire en tant que « papas et mamans des
victimes », marque déposée, enfonçant ainsi le dernier clou dans le cercueil
de la cucutisation victimaire et associative. Que répondre au « papa de la
victime » lorsqu’il exerce un mandat politique ? Comment encore oser
critiquer son bilan ?
L’indifférence des « Belges » — en fait, des Wallons —
leur dépolitisation, leur acquiescement hypnotique à tout et à n’importe quoi,
fournit la clef de l’énigme. Dutroux, ce sinistre crétin, n’avait nul besoin de
complicités chez les notables ou de société secrète sataniste. Son réseau le
plus efficace était parfaitement visible : la léthargie d’une populace
sans histoire ni mémoire et puis, surtout, l’absence d’organisation et de
moyens judicaires ; la réforme des polices qui suivit l’affaire accrût un
peu plus la grande misère des commissariats en Wallonie. Tous les juges,
magistrats, fonctionnaires de police savent que ce délabrement est entretenu
par le gouvernement fédéral bruxellois où la Flandre est majoritaire ;
récemment, La Meuse nous apprenait
que certaines zones de police de Wallonie ne disposent pas de locaux
d’entraînement et doivent s’exercer… en Flandre.
De ce point de vue, Dutroux n’est qu’un épiphénomène dont les causes sont certes dissimulées, mais pas pour les
raisons qu’on aimerait nous faire croire. Non, Dutroux n’est pas l’homme de
main de notables cannibales, mais tout simplement le hideux visage de la
pourriture de l’État belge, aux mains de la Flandre qui accapare toutes les
richesses en redistribuant misère et migrants sur la Wallonie. Si le sort des
enfants vous préoccupe tant, pourquoi ne vous interrogez-vous pas sur
l’espérance de vie moindre de celui qui vient de naître en Wallonie par rapport
à celui qui naît en Flandre ?
80% des « belges » croient en l’existence d’un vaste réseau de tortionnaires et finalement, c’est peut-être bien ce que le système bruxello-flamand leur demande, pendant qu’il étrangle économiquement la Wallonie, avec la complicité d’une classe politique régionale corrompue. « La maison de Dutroux, c’est Auschwitz » déclarait un quidam à la télévision. Dans le même état d'esprit, les parents Russo souhaitent un mémorial... comme pour Anne Frank ! Que répondre à cela ? Il ne reste plus à la Belgique reconnaissante qu’à ériger une statue à la gloire d’Adolf Dutroux et à nous faire tourner en rond autour de cet horrible totem, en nous flagellant, en répétant, en psalmodiant : « on a bon d’avoir honte d’être wallons. »
Crève Belgique !
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