Pris sur Academia.edu. Portrait du kabbaliste en
jeune homme (2) par Pawel Maciejko, traduction de l’anglais par
Nedotykomka, no copyright infringement intended.
Le modèle. L’artiste. Le tableau.
Commençons par l’identité
du peintre et la date du portrait de Duchcov : l’inventaire du fonds
castral décrit ce tableau comme « anonyme » et je ne suis pas parvenu
à retrouver la moindre information sur celui qui l’a réalisé. L’orthographe
araméenne, hébraïque et arabe sont impeccables et laissent présumer une
parfaite connaissance de ces langues. D’autre part, comme signalé précédemment,
ce tableau est un des rares exemples d’œuvres d’art contenant un texte araméen
et à mentionner le titre du Zohar
dans l’édition de Mantoue.
La radiographie et
l’analyse chimique de la peinture confirment que les pigments de l’inscription
en hébreu datent de la même époque que l’exécution générale ; le tracé s’est
réalisé sans hésitation, par le même scripteur. Ce qui s’en rapproche le plus,
mais sous une forme beaucoup moins élaborée, est le portrait en manière noire
de Hakkam David, conservé à Londres. Selon toute vraisemblance, le peintre
connaissait la tradition juive et était peut-être lui-même juif, mais il serait
aventureux de prétendre qu’il fût sabbataïste ; l’histoire de l’art
fournit des exemples d’artistes, comme Carpaccio ou Holbein, qui rendaient des
lignes d’hébreu sans le connaître. À défaut d’apporter des informations sur
l’identité du peintre, tournons-nous vers son histoire.
Répertorié dans
l’inventaire du château Dux en 1895, il prend le titre « Portrait du Comte Joseph Carl von Waldstein »
vers 1925-27. Aujourd’hui, le musée de Duchcov possède une autre version du
même portrait ; jusqu’en 1945, cette autre version appartenait au comte
Ledebur-Wicheln, propriétaire du château Milešov (Milleschau) : le rendu
des vêtements y est plus riche : des rubans à peine visibles nouent les
cheveux, ramenés en chignon. Derrière le bureau, on aperçoit des ornements, les
contours d’un rideau et le texte qu’indique la main du personnage est
sommairement dessiné, ses hachures sont censées évoquer une écriture sémitique,
mais sans division en colonnes comme c’est le cas sur le portrait de Duchcov.
Néanmoins, on peut encore lire des fragments de texte sur les reliures des
livres, dont un rédigé en latin, commence par le mot « Opus » et un autre par les mots
allemands « Und… von… »
En fait, le tableau
de Milešov a été restauré au dix-neuvième siècle et l’artiste responsable de ce
travail ne connaissait visiblement rien à l’hébreu, ce qui suggère sur
l’exemplaire de Milešov est une copie de Duchcov que le restaurateur aura
cherché à « améliorer » superficiellement en se concentrant sur la
mine du modèle et sur ses atours. L’étude radiographique nous présente des
repentirs, des traces de corrections sur le visage et les cheveux ce qui
suggère une imitation d’un autre tableau ; plus important encore, les
rayons X. du tableau de Milešov révèlent une inscription dissimulée sous des
couches de peinture ultérieures : « Xavierus Schötttner / in Obergraupen / A[nno] 1786. »
Ce peintre n’a pas
laissé de traces dans les annales, mais son nom apparaît dans la bibliographie casanovienne.
En 1786, l’aventurier vénitien fut accusé d’avoir séduit et engrossé une
adolescente qui n’était autre que la fille du portier du Château de Dux, une
certaine Anna-Dorothea Kleer. D’après une lettre de Casanova au Comte
Maximilian Lamberg, dans lequel il rapporte l’enquête et le procès qui
s’ensuivirent, le coupable était « un peintre du nom de Schöttner »
qui finit par épouser la malheureuse l’année d’après. On ne sait rien de plus
de ce personnage, ni de ses œuvres, et 1786 constitue donc un terminus ante quem pour la datation de la
peinture originale, qu’il s’agisse de l’exemplaire de Dux ou d’un original
perdu dont les deux seraient les imitations.
Le portrait du
comte Waldstein avec un exemplaire du Zohar
fut réalisé avant 1786 et Joseph Carl Emmanuel Waldstein est né en 1755.
L’homme du tableau semble dans la vingtaine, début de la trentaine. Un autre
portrait en buste du comte figure dans le musée de Trebitsch : il nous le
présente à peu près au même âge et sa physionomie ressemble fortement à celle
des deux autres portraits, ce qui suggère que la peinture au Zohar de Duchcov aurait été réalisée au
début 1780, suivie de près par la copie de Schöttner.
La datation du
portrait Waldstein, aussi inexacte soit-elle, importe car si le véritable sujet
du tableau, comme indiqué par l’index du personnage, est une référence à
l’éradication du péché sur terre, alors, nous aurons une idée des événements historiques
qui encouragèrent cette idée.
D’autre part, si
l’éradication du péché désigne « le mystère de Mohammed le Messager »,
c’est-à-dire l’élimination de l’islam par le christianisme, comme l’affirme la
kabbale sabbataïste, alors, il se pourrait que ce tableau ait été peint à la
fin des années 1770 ou au début 1780, c’est-à-dire à l’époque du premier choc des
civilisations entre l’empire Ottoman et les pouvoirs chrétiens européens, des
temps eschatologiques s’il en fut. Des théologiens juifs spéculaient-ils sur
les théories développées par Hazan au siècle précédent ? Quels échos
trouvaient le sabbataïsme dans les événements politiques de l’époque ?
En 1781, l’empereur
Joseph II conclut avec la Russie une alliance pour démembrer l’Empire
ottoman ; le premier effort en ce sens fut l’annexion de la Crimée par la
Russie en 1783. L’annexion de la péninsule suscita une vague de spéculations
messianiques parmi les sabbataïstes de Turquie. Selon eux, l’année 1783, 5543 d’après
le calendrier juif, pouvait bien marquer le commencement de l’eschaton, une idée qui se déploie
pleinement dans les homélies « Lekb
lekha » composées par un des dirigeants des sabbataïstes ottomans, Yehudah
Levi Tovah.
Ce dernier établit
que la chute du Pharaon Apriès, dont la défaite avait été prédite par le
prophète Jérémie, était une préfiguration de la chute du sultan de
Constantinople. L’année [5]543 marquerait l’effondrement de l’empire ottoman et
verrait l’avènement du messie de la maison de David : Sabbataï Tsevi, qui
renverserait le règne d’Ismaël par l’intermédiaire des édomites, des chrétiens.
Voici ce qu’écrit Yehudah Levi Tovah.
« Il est écrit en Jérémie
44 :30 : ‘Je livrerai Pharaon Hophra, roi d’Egypte, entre les mains
de ses ennemis, entre les mains de ceux qui en veulent à sa vie.’ La somme
numérique des lettres qui terminent les mots de ce verset, à laquelle on ajoute
les huit lettres de Pharaon et de Hophra, donne 543, ce qui est aussi la somme
numérique des lettres d’Ismaël Mehmed. De là, nous déduisons que, par la grâce
de notre sauveur, Sabbataï Tsevi, le Très-Saint béni soit-il, livrera le Sultan
entre les mains de ses ennemis.
« À ce sujet, le quatrième chapitre des
Lamentations dit : ‘Réjouis-toi, tressaille d’allégresse, fille d’Édom,
habitante du pays d’Uts.’ Lorsque Jonathan ben Uzziel traduit le verset ‘fille
d’Édom… », il l’interprète comme une allusion à Constantinople. Et le
prophète Jérémie dit que le Messie
fils de David sera souillé parmi les ismaélites de la cité de Constantinople,
et qu’ainsi ils boiront à la coupe empoisonnée. »
Le « Commentaire sur la liturgie de la Veillée de
Minuit » par Hazan et les homélies de Yehudah Levi Tovah sur le
Pentateuque remontent donc à une époque de tensions extrêmes entre le
christianisme et l’islam et, dans les deux cas, les scripteurs espèrent en une
victoire chrétienne qui serait les prémices sotériologiques du triomphe de
Sabbataï Tsevi. Plusieurs sources attestent qu’à l’époque de Waldstein de
telles idées étaient fréquentes non seulement chez les sabbataïstes turcs, mais
aussi parmi leurs disciples de Moravie ou de Bohême.
Dans « Le Livre des Paroles du Seigneur »,
l’ouvrage frankiste de référence, composé à Brünn avant 1785, nous trouvons la
phrase : « En l’an 1783 les
derniers jours ont commencé. » Selon moi, les spéculations
eschatologiques et la théologie politiques des sabbataïstes constituent la
meilleure clef pour comprendre les mystères du portrait de Waldstein. Comment
le comte aurait-il pu être familier de telles idées ?
Avant de répondre à
cette question, il nous faut dire un mot de Waldstein. L’aristocratie du
dix-huitième siècle aimait à se faire représenter avec des livres. Toutefois,
peu de recherches ont été entreprises sur les lectures de Waldstein. Les
mémoires de Casanova se terminent abruptement en 1774, une décennie avant
l’arrivée du Vénitien à Dux et on y trouve une description de son mécène.
D’autres écrits de l’aventurier nous présentent quelques descriptions de son
hôte.
Tout d’abord, dans
la préface de son roman de « science-fiction » Isocameron où il loue les mérites de son bienfaiteur : « Si je devais énumérer toutes les vertus que
vous possédez, vous n’auriez que mépris pour mon accolade car je peux
simplement dire qu’elles se résument dans la notion d’honneur, objet de votre
renommée dont vous êtes fait tout entier ; votre demeure appartient plus à
vos amis qu’à vous-mêmes et la joie triomphe partout où vous allez ; votre
esprit s’élance vers les plus nobles réalisations littéraires et les auteurs
les plus exigeants occupent vos temps libres ; vos plaisirs sont ceux
encouragés par les plus hauts génies de l’antiquité. Je dois également célébrer
votre amour des chevaux et louer votre connaissance le la nature de ce généreux
animal, meilleur ami de l’homme. »
Un extrait de la
correspondance privée de Casanova jette une ombre sur ce portrait flatteur,
destiné au public :
« Parmi toutes les personnes les plus
agréables qui sont ici présentes figure le seigneur du château. Sans conteste,
il ne s’agit pas d’un homme avec qui, pour le bien de son esprit et du mien, je
ne pourrai pas converser plus d’un quart d’heure.
« Il se fait gloire de n’accorder aucune
importance aux sujets qui comptent : c’est un ennemi déclaré de toute
écriture, de toute lecture, de toute réflexion ; il n’accorde son
attention qu’à ceux qui s’intéressent aux chevaux, aux sciences occultes, aux
personnalités remarquables, aux faits étonnants, aux voyages et aux divertissements.
« Ennemi des curieux, il éprouve un malin plaisir
à stimuler leur curiosité pour mieux déjouer ensuite leurs espérances, de
toutes les manières. Pour sûr, dès qu’on le questionne sur un sujet qui
pourrait éclairer le plus minuscule de ses projets, il fournit une réponse à
laquelle vous ne devez prêter aucune attention si vous escomptez la vérité. »
D’autres
témoignages corroborent ce portrait. Voici comment le Comte Carl Joseph Clary,
également hôte du cercle Waldstein, évoque son commensal Joseph Carl Emmanuel,
dans son journal en date du 30 juillet 1795 :
« Lord Waldstein, pour ce qu’il me
semble, est toujours égal à lui-même : extrêmement casse-pied. Il ne parle
que de lui et de ses industries qui, en passant, ne vont pas aussi bien qu’il
l’affirme, et il parle aussi de ses voyages. Avec lui, impossible de distinguer
le vrai du faux et d’obtenir des faits concrets sur ses formidables projets
aussi ridicules qu’irréalisables. Pas un jour qui passe sans qu’il ne
répète : je pars dès demain ou ce soir, je m’en vais. »
Casanova servait de
bibliothécaire à Waldstein et selon Petr Mašek (1999) qui a étudié la
correspondance du Prince de Ligne, l’intérêt de ce dernier avait été éveillé par
la réputation du Vénitien comme spécialiste de la kabbale. Dans ses souvenirs,
le prince de Ligne affirme que Waldstein avait invité Casanova à Dux après
qu’il ait appris que ce dernier s’intéressait aux écrits d’Agrippa von
Nettesheim et aux Clavicules de Salomon.
L’enthousiasme de
Waldstein pour les arcanes et sa prédilection pour les curiosa sont attestées par d’autres sources, comme par exemple
Johann Nepomuk, membre de la famille Clary, écrit le 2 juin 1787 à ses
parents : « Lord Waldstein m’a
l’air d’un drôle qui a engagé d’autres drôles à son service, notamment le frère
du Viennois Casanova, qui est un écrivain, conteur, philosophe, astrologue,
diseur de bonne aventure et un pitre achevé. La cour entière de Waldstein est
emplie de personnes très étranges, il y a un écuyer juif, un cocher français,
des serviteurs anglais, on ne sait plus trop dans quel pays on se trouve. »
Cette foule
bigarrée pourrait expliquer l’intérêt du comte pour l’ésotérisme juif, sans
pour autant rendre compte de la précision des écritures figurant sur son
portrait de Duchcov. Sans aucun doute, il commanda cette œuvre à un artisan qui
connaissait beaucoup mieux que lui le Zohar
et, selon mon hypothèse, un familier de la théologie sabbataïste. À présent,
examinons les contacts et les activités du comte. Quelles étaient ses
intentions ? Le verso du tableau de Schöttner est un bon point de départ,
avec ses mots allemands, ajoutés longtemps après, probablement lorsque le
tableau fut encadré. L’inscription donne l’identité du modèle et nous résume sa
biographie.
« Joseph Carl comte de Waldstein, sculpteur
royal de la cour du Royaume de Bohême, général de l’armée royale et impériale,
propriétaire du domaine de Duc, d’Oberleutensdorf et de Maltheuer. Né en 1755,
mort en 1814 à Gross Skal, où il est enterré. Ici représenté à l’âge de
dix-neuf ans. Le comte Joseph Carl vécut à l’époque de gloire de la franc-maçonnerie ;
il étudia leurs secrets et apprit l’hébreu, ce qui lui permit en 1793 de se
faire passer pour un marchand juif et d’échapper aux Français, après qu’il ait
participé à l’évasion de l’infortuné roi Louis XVI. Après quoi, il invita
l’aventurier Casanova de Londres à Dux, où ce dernier œuvra comme
bibliothécaire, où il rédigea ses mémoires et où il est enterré. »
Cette description
est inadéquate à plusieurs titres : d’après les autres tableaux, Waldstein
est plus âgé que dix-neuf ans. D’autre part, il n’est pas vrai qu’il ait invité
Casanova alors que celui-ci était à Londres ; les deux hommes se sont rencontrés
en 1783, à la cour viennoise de l’ambassadeur de Vienne et lors de leur seconde
rencontre à Töplitz, le comte lui proposa un poste de bibliothécaire à Dushcov.
Ces rencontres eurent lieu en 1783 et en 1785… soit avant et non après la fuite
de Varennes. D’autres détails semblent avoir été glanés dans la
littérature : la participation de Waldstein à l’évasion du roi figure dans
les mémoires de Casanova et son déguisement en marchand juif provient fort
vraisemblablement des lettres du librettiste de Mozart, Lorenzo Da Ponte.
En dépit de ses
imprécisions, le texte nous fournit un indice important : l’explication de
l’intérêt pour l’hébreu par les activités maçonniques du Comte. Qui étaient les
amis maçons de Waldstein ? Etudiaient-ils aussi l’hébreu, l’araméen, en
particulier la kabbale zoharique ? Jan Podškubka (2004) est l’auteur d’une
monographie de référence sur la maçonnerie tchèque au dix-huitième siècle, mais
il ne mentionne que le frère de Waldstein, Vincenz. Parmi les documents du
fonds Waldstein, il convient d’examiner de plus près la correspondance du baron
von Adlersthal, un autre aristocrate saxon, établi sur le domaine de Priesnitz,
près de Dresde, à une journée de voyage de Dux. Par l’intermédiaire
d’Adlersthal, on peut établir un lien entre Waldstein et la kabbale
sabbataïste.
Le baron von Adlersthal
En mars 1762, un
jeune juif, parfois identifié comme un certain Benjamin Ze’ev, ou Jonas Wolf,
ou Wolf Jonas, quitte sa maison d’Altona. Riche et plein d’ostentation, il
voyage accompagné de laquais en livrée, à bord d’un splendide carrosse dernier
cri ; en outre, il s’exprime couramment en français. Au cours de ses
pérégrinations, il se familiarise avec l’aristocratie. Wolf est détenteur d’un
passeport danois et rien dans son apparence ni dans son comportement ne révèle
qu’il soit juif.
Après un bref
séjour à Berlin, il arrive à Vienne, où il assiste aux réunions des cercles
financiers habsbourgeois et où il s’attire les faveurs de l’héritier d’une
maison bancaires viennoise de petite importance, le comte Joseph von Bolza.
Bolza s’apprêtait à déplacer ses opérations financières, avec toute sa cour, en
Saxe, où il deviendrait Ministre des Finances à la cour du Prince électeur
Frédéric Auguste III.
Tout en conseillant
son protecteur, Wolf commençait à étoffer sa propre fortune. Il acquit un des
palais de Dresde, le Boxbergesches, bâti en 1759, avant de le faire rénover par
le professeur de dessin du jeune Goethe, Adam Friedrich Oeser, lequel exécuta
de vastes fresques d’inspiration antique. Le parc du Palais Boxbergesches s’ornait
de statues, de grottes, de fontaines, d’un étang et d’une annexe. Le palais fut
détruit en 1899 et certaines sources suggèrent qu’il aurait en fait appartenu
au Chamberlain von der Brüggen et que Wolf l’aurait seulement loué.
C’est donc là que
le dénommé Wolf vécut avec deux de ses proches, le général de cavalerie Ernst
von Benkendorff et le célèbre luthier Jacob Friedrich Grundmann. En plus du
palace de Dresde, Wolf acquit également un manoir à Priesnitz, à une dizaine de
kilomètres de la ville. Les visiteurs raffolaient du pavillon chinois et des
petits jardins desquels ils pouvaient observer le panorama de Dresde et des
alentours. Le propriétaire de Priesnitz menait grand train, organisait des
soirées, assistait à des opéras. À partir de mars 1770, il officia comme
courtier pour le compte de l’électeur de Saxe et sa propriété devint « un
vaste théâtre d’opérations monétaires. » Quelques années plus tard, il tenta,
en vain, de reprendre le monopole saxon du commerce de tabac.
En juillet 1776,
Wolf sollicita Joseph II en se prétendant de descendance danoise, du Schleswig,
en arguant de sa « propriété aristocratique » de Priesnitz et il
souhaitait acquérir des propriétés supplémentaires dans l’Empire. Sur base de
ses titres, il réclamait le titre de baron et qu’on s’adresse désormais à lui
sous le nom de « von Adlersthal. » L’empereur accepta et un titre lui
fut délivré par l’administration. Néanmoins, un an plus tard, les autorités
s’aperçurent que le baron leur avait dissimulé ses origines juives et
l’anoblissement fut mis sous le boisseau jusqu’à ce qu’il « professe
publiquement sa foi chrétienne. »
Wolf ne franchit
jamais le pas et en dépit de son manque de titre, l’intéressé avertit
l’électeur de Saxe qu’il avait obtenu le titre escompté mais « qu’un
empêchement provisoire » l’empêchait de l’employer publiquement. Compte
tenu de son changement d’État civil, il demanda à être sorti de la juridiction
locale et soumis à l’autorité impériale, d’être exempté de payer les impôts
réservés aux juifs et de recevoir tout le nécessaire pour obtenir les
laissez-passer et les permis que les juifs devaient montrer pour entrer à
Dresde.
Par la suite, il
déclara qu’au cours de l’année qui s’écoula entre la soi-disant réception de
son titre de baron et « l’empêchement provisoire », il avait déjà
commencé à employer le nom von Adlersthal pour ses activités commerciales. Son
abandon ne pouvait que nuire à ses affaires et à sa crédibilité au regard de
ses partenaires. Il demandait dès lors à ce que Adlersthal, sans le
« von », apparaisse dans les documents officiels l’autorisant à mener
ses affaires, comme les patentes et autres.
L’électeur
considéra favorablement sa requête et demanda à son attaché de cabinet,
Friedrich Ludwig von Wurmb, de trouver une argutie pour lui donner satisfaction
tout en veillant à ce que ce titre d’Adlersthal ne soit pas pour autant
considéré comme l’équivalent d’un titre de baron. Wurmb trouva une solution et
à partir de juillet 1778, Wolf devint « Agent de change Wolf Jonas nommé [gennant] Adlersthal. » Bien que
cette appellation fût purement honorifique, à partir de 1790, des documents
officiels le créditaient du titre de « Freiherr »,
tout comme l’annuaire de Dresde, si bien que lui-même put signer son courrier
« baron d’Adlersthal. »
Si Dresde ne savait
pas tout des origines de Wolf Jonas Adlersthal, les registres en portaient bien
la trace : l’intéressé n’était autre que le fils cadet d’un des plus
célèbres talmudistes du dix-huitième siècle et le grand hérésiarque sabbataïste
Rabbi Jonathan Eybeschutz. Né à Prague en 1740, Wolf déménagea avec son père
dès l’année suivante à Metz et en 1751, à Altona. Avant son arrivée à Dresde à
la fin des années 1760, sa carrière fut moins fulgurante que lors de ses
exploits à la cour saxonne ou habsbourgeoise, mais tout aussi importante.
À partir de la moitié
du dix-huitième siècle, son père envoya Wolf en Turquie où il prit contact avec
l’élite des sabbataïstes et épousa, lors d’une cérémonie non-officielle, la
fille ou la petite-fille d’un des dirigeants sectaires de Salonique, Berushkia
Russo. C’est là aussi qu’il fut initié aux rituels Dönmeh et aux mystères les
plus secrets de la secte, passant maître en kabbale. Au cours de son voyage de
retour à travers la Hongrie et la Moravie, le jeune Eybeschutz s’habillait à
l’ottomane et se présentait comme un passeur des « mystères
orientaux » vers l’Occident. Beaucoup le prenaient pour le messie et lui
accordèrent leurs fonds.
Une fois de retour
à Altona, Wolf s’acheta une maison et la meubla de fresques, de peintures, de
sculptures, y compris des nus antiques et une statue de la Vierge Marie. D’après
les descriptions dont nous disposons, la résidence devait être plus petite et
un peu moins encombrée que le futur palais de Dresde. En tout cas, les
occupants violaient ouvertement les lois du sabbat et les interdits
alimentaires, organisaient des soirées où du vin non casher était consommé, ne
portaient pas de chapeau et se montraient en compagnie de femmes ; Wolf se
présentait comme le conseiller du roi.
Ce mode de vie
choquait les juifs pieux et certains affirmèrent qu’il était un « voleur,
un joueur, voire un sorcier qui pratiquait l’alchimie, qu’il possédait
d’étranges objets, y compris le trône de Salomon, que les anges lui avaient
déposé du ciel, sans oublier la harpe du Roi David, les Urim et les Thummim, et
enfin, le bâton de Moïse. »
Des scandales
récurrents et des dettes toujours croissantes chassèrent Eybeschutz d’Altona à
Vienne, puis à Dresde. Environ un an avant de quitter le Danemark, il composa
un bref essai kabbalistique sur le mystère de la rédemption, dans un registre
volontairement cryptique. Malgré le caractère ardu de l’ouvrage, Yehuda Liebes,
qui le publia accompagné d’un commentaire, le déchiffra et mit en évidence son
thème principal : le processus de rédemption qui devait révéler le messie.
Selon les
enseignements de Wolf, tel que Liebes les reconstitue, la fin des temps a déjà
commencé et le messie est déjà là. La date de publication, 5521 (1760-61),
était censée être celle de la fin des persécutions des sabbataïstes par les
autorités rabbiniques ; elle devait culminer par l’apparition du messie et
les derniers jours. Entre les lignes, le traité de Wolf indique que le messie
pourrait être d’une part son propre père, Rabbi Jonathan Eybeschutz, alias le
roi David et d’autre part, lui-même, en tant que Salomon, le grand architecte.
La révélation serait donc achevée par Wolf en personne et le texte se termine
sur une numérologie sur le temps qui reste. Ni Liebes, ni moi ne sommes
parvenus à craquer le code.
Le traité édité et
publié par Liebes est la seule œuvre de Wolf recensée par les historiens ;
elle nous démontre la familiarité de son auteur avec l’eschatologique
sabbataïste dans l’Empire ottoman et avec des traditions apocalyptiques qui
collent aux événements contemporains. Wolf rédigea ce traité alors qu’il était
très jeune ; on ignore comment son point de vue évolua à partir de son
départ d’Altona et au courant de son séjour à Dresde.
Nous savons en
revanche qu’en Janvier 1778, son mécène, le Comte von Bolza le présenta à son
ami et partenaire le Conte Vincenz von Waldstein. Vincenz était le frère du
comte Waldstein qui possédait à l’époque le Château de Dux. Le 7 janvier, Wolf,
qui signait « Moi, jadis Eibeschütz et aujourd’hui Adlersthal »,
invita le comte Vincenz à Priesnitz et c’est ainsi que Eybeschutz-Adlersthal
devint un de ses proches associés en affaires.
Le fonds Waldstein,
aujourd’hui détenu par les archives « Statni
oblastni » de Prague recense 227 lettres de Wolf Eibeschutz adressées
à Vincenz et à Joseph Carl Emmanuel Waldstein qui permettent de reconstituer
leur réseau entre 1778 et 1793. La liste de leurs connaissances compose une
sorte de Who’s who et inclut, entre
autres, des aristocrates comme le comte Dillon John O’Kelly, le duc Franz de
Paula von Hartig, le comte Wenzel von Thun und Hohenstein ; des officiels
prussiens, le comte Albrecht Heinrich von Arnim, le Général Johann Rudolf von
Bischoffswrder ; des courtiers et des militaires ; des financiers
juifs, comme le banquier prussien Daniel Itzig et les banquiers viennois Nathan
Arnstein et Bernhard Eskeles. On y trouve également des membres de la famille
Eibeschutz, comme le neveu de Wolf, lui aussi un habitué de Dresde, le Dr
Gabriel Eibeschutz, mais aussi les sabbataïstes Dobrushka, issus de
Moravie : Schöndel et Moses, alias Madame Dobrushka et Thomas von Shchönfeld.
Par l’intermédiaire
de Waldstein, Wolf fit connaissance de Casanova. Le seul document qui établisse
leur rencontre est une lettre datée du 11 août 1790 qui contient ces
lignes : « Je suis fâché que je
ne puis pas vous rendre service dans cette occasion. » De quoi est-il
question ? Casanova ne semble pas y avoir attaché beaucoup
d’attention : la note n’a été conservée que comme feuille de brouillon
pour des calculs mathématiques sur le volume du cube.
Le manoir
d’Adlersthal à Priesnitz était idéalement situé près de la capitale saxonne et
à mi-chemin entre la capitale prussienne et celle de l’Autriche. Clairement,
Wolf travaillait dans le triangle Dresde, Berlin, Vienne et il semble que de
nombreux officiels prussiens visitaient la Saxe avec leurs homologues
autrichiens. À l’occasion, des membres de la famille Eibeschutz jouaient les
intermédiaires entre des factions souvent hostiles. Alors que la plupart des
lettres entre Waldstein et Eibeschutz manifestent des préoccupations
commerciales, elles abordent parfois des sujets plus politiques.
Début 1790,
Bischoffswerder, en tant que conseiller de Friedrich Wilhelm de Prusse, menait
une politique active de rapprochement austro-prussien afin de saper l’entente
franco-polonaise. Certaines négociations sensibles eurent lieu en terrain
neutre, en Saxe, à Priesnitz ; finalement cette tentative échoua et la
Prusse s’aligna avec la France, ce qui mena à la signature du Traité de Bâle en
1795.
La correspondance
fait surtout référence à des ententes politiques secrètes, rarement à des
mystères kabbalistiques ou ésotériques. Néanmoins, de nombreuses personnes
mentionnées poursuivaient des recherches occultistes et appartenaient à la
franc-maçonnerie ou à d’autres sociétés secrètes. Ainsi, Hartig et Thun
appartenaient à la première loge maçonnique créée en Bohême, la loge « Zu den drei grekrönten Sternen » de
Prague. Thun et Vincenz Waldstein appartenaient aussi à la « Zu den drei gekrönten Säulen. »
Ces deux loges suivaient
le Rite écossais et conféraient des hauts grades maçonniques qui impliquaient
l’étude de textes ésotériques, y compris la kabbale chrétienne. Les trois
hommes avaient poursuivi leur avancée dans la hiérarchie maçonnique et menaient
d’intenses recherches hermétiques. Au début des années 1770, Bischoffswerder et
von Wurmb appartenaient à la même loge de Stricte Observance à Niederlausitz.
Ils pratiquaient l’alchimie et assistaient à des séances d’invocation des
esprits à Leipzig.
Près de dix ans
plus tard, Bischoffswerder rejoindrait le cercle rosicrucien de Berlin tandis
que von Wurmb rejoindrai celui de Dresde. Les banquiers juifs Itzig, Arnstein
et Eskeles appartenaient tous les trois à l’Ordre des Frères Asiatiques, une
organisation paramaçonnique fondée dans le but avoué d’intégrer les juifs à la
maçonnerie. L’Ordre suivait un syncrétisme qui combinait des rites
authentiquement kabbalistiques juifs avec des emprunts à la tradition
chrétienne.
Si la
correspondance de Waldstein et d’Adlersthal ne fait référence directement à
l’ésotérisme, les affiliations maçonniques y figurent et paraissent avoir été
très fréquentes parmi les connaissances de Wolf dont le savoir kabbalistique a
pu constituer un appoint essentiel. En effet, il existe des preuves en ce sens.
Ainsi, dans son autobiographie, « Cours
de maçonnerie » (1800), Wurmb écrit :
« Un juif baptisé m’a montré le
Shemhamephorash, ou ephod lumineux, sur lequel sont inscrits les 72 noms hébreux
de Dieu ; je l’ai envoyé aux supérieurs, mais leur réponse m’a laissé
supposer qu’il n’y accordaient pas autant d’importance que moi. Néanmoins, le
généralat [de l’Ordre rosicrucien] dispose
de copies et ils l’ont distribué parmi les enfants favoris [les membres les
plus importants de l’Ordre] comme un très
précieux et très efficace talisman.]
Les « 72 noms hébreux de Dieu », ou
plutôt les 72 déploiements du nom de Dieu, « shem ayin-bet », est une formule extrêmement complexe des 72
permutations possibles de trois lettres que la tradition kabbalistique juive puise
dans les trois versets de 72 lettres de l’Exode
14.19-21. L’amulette de Wurmb contient ce nom et fut effectivement distribuée
aux membres les plus éminents de l’ordre. Le roi Frédéric II de Prusse en reçut
une et la porta jusqu’à sa mort, même après sa rupture avec les rosicruciens.
Dans une lettre à
son souverain, son précepteur rosicrucien, Johann Christoph Wöllner,
s’exclamait : « Dieu merci nous
possédons le Schemhamephorash grâce auquel notre entreprise sera couronnée de
succès. » En l’occurrence, ce succès était ni plus ni moins
l’établissement du royaume de Dieu sur terre ; l’Ordre Rose-Croix avait
pour ambition de promouvoir les hauts membres de l’aristocratie pour qu’ils
établissent une théocratie en Prusse. La connaissance du Schemhamephorash ainsi que l’emploi des Urim et Thummim
constituaient les pré-requis pour obtenir le plus haut grade de l’Ordre, celui
de Mage.
Le déploiement des
72 noms de Dieu était une technique bien connue des érudits chrétiens depuis la
Renaissance ; Heinrich Cornelius Agrippa l’évoque dans son De Occulta Philosophia et von Wurmb en
avait sans doute entendu parler par l’ésotérisme chrétien, plus que par un
« juif baptisé. » En effet, Wolf Eibeschutz ne fut jamais baptisé, ce
que Wurmb savait parfaitement. Le juif qu’il mentionne n’est probablement pas
Wolf, mais il est remarquable que les cénacles rosicruciens accordaient de
l’importance à la transmission de ce secret par un juif authentique plutôt que
par des sources littéraires d’inspiration chrétienne.
Les cénacles
maçonniques recherchaient souvent des kabbalistes juifs, comme par exemple, le
dirigeant des rosicruciens polonais, le Comte August Mozynski ; ce dernier
visita le ghetto où il déclara n’avoir rencontré qu’un Juif qui lui aurait
déclaré : « la kabbale n’est
qu’un ramassis de superstitions qui ne feraient même pas voler une mouche, à
moins de lui jeter un grimoire. » Ce contact lui recommanda plutôt de
lire Moses Mendelssohn au lieu de traités d’occultisme.
Israël Hazan et
Yehuda Levi Tovah appartenaient au sabbataïsme qui partait du principe que les
chrétiens reconnaîtraient Sabbataï Tsevi comme le Messie ; ce qui
impliquait une initiation des chrétiens aux mystères de la kabbale. Du coup,
une alliance s’avérait possible… Selon R. Moses Hagiz, Sabbataï Tsevi, au cours
des dernières années de sa vie, apprit le Zohar, en traduction turque, à ses
codétenus non-juifs.
À Prague, Rabbi
Jonathan Eibeschutz avait la réputation d’enseigner la kabbale à de nombreux
aristocrates chrétiens voire à des prêtres et même le roi Auguste II de Pologne
lui envoya des émissaires pour obtenir des prédictions. Selon Jacob Emden, à
l’époque des pérégrinations de Wolf à travers la Moravie, les sabbataïstes de
Prossintz « révélaient les secrets
et les mystères de la Torah à des non-juifs, en particulier à des aristocrates
et il se trouvait même un noble qui pouvait réciter par cœur quelques pages du
Zohar. »
J’ignore l’identité
de ce dernier, mais il n’y a aucune raison de penser qu’il pourrait s’agit du
comte Waldstein. Je suppose que Wolf enseigna la kabbale aux chrétiens non
seulement dans sa jeunesse en Moravie, mais aussi à l’âge d’homme, à Dresde et
à Vienne, et que ces leçons se déroulaient dans un contexte maçonnique.
Toutefois, il n’existe aucune preuve que Wolf ait été maçon ; en revanche,
selon Emden, son père, « se
prénommait lui-même un frère, ou un aristocrate chrétien, et en tant que tel il
était maçon. » Une affirmation impossible à vérifier, mais qui est
révélatrice de la Zeitgeist.
Un tel entourage
explique l’identification de Wolf au Roi Salomon et son intérêt pour le
symbolisme du Temple. Dans son Sefer
hitabout, Jacob Emden écrit : « Wolf affirmait qu’il était assis sur le Trône de Salomon et qu’il
règnerait comme un roi et qu’il dirigerait un royaume. De part et d’autre du
trône, il y avait des piliers rayés de bandes bleues et deux colombes vivantes
se tenaient sur chacun, l’une à gauche, l’une à droite et dans leur bec, elles
tenaient des cornes de papier et lorsque Wolf parlait la langue du Zohar, on
aurait dit que les colombes lui répondaient. »
Emden rapporte là
un rituel sabbataïste ; mais un symbolisme analogue se rencontre dans
d’autres sources, notamment maçonniques. Les deux colonnes, Joachim et Boaz, le
Trône de Salomon, font en général partie du décor des loges maçonniques, tout
comme, parfois, à l’époque, l’usage d’animaux ou d’automates thériomorphes. La
cérémonie décrite par Emden se serait déroulée à Altona mais Wolf Eibeschutz se
livrait à des rites semblables à Dresde. Sa demeure de Priesnitz pourrait avoir
servi de Temple de Salomon, avec son jardin aux arbres aux fruits d’or. De
même, Wolf Eibeschutz ait informé les maçons de son sabbataïsme très
particulier.
Le commentaire des Psaumes par Hazan s’inscrit dans le
contexte de l’échec de la conquête ottomane de l’Europe ; selon Hazan, ces
événements devaient précipiter le triomphe du sabbataïsme par son infiltration
au sein du christianisme. Un siècle plus tard, Yehuda Levi reprendrait l’idée
dans le contexte des années 1780 et des guerres entre Russie, Autriche et
Empire Ottoman. De nombreux francs-maçons chrétiens interprétaient ces conflits
sur un mode eschatologique. Une victoire sur les Turcs impliquait la conversion
de millions d’âmes, ce qui mènerait à terme à une union religieuse mondiale, à
la rédemption universelle, lorsque l’esprit impur serait éradiqué de la terre.
La boucle est
bouclée. Il semble bien que des éléments de l’eschatologie sabbataïste aient
également infiltré la maçonnerie et que c’est là la clef qui ouvre le mystère
du portrait de Waldstein. Bien sûr, ni Waldstein, le peintre anonyme qui
réalisa ce tableau ne connaissaient les œuvres de Hazan, de Levi Tovah ou d’un
autre kabbaliste. Mais il est possible que Waldstein et d’autres, par
l’intermédiaire de Wolf Eibeschutz, se soient familiarisés à ces enseignements
théologico-politiques. Les mystères du messager Mohammed et le plan de
domination de l’islam pourraient avoir été transmis par ce canal aux autorités
chrétiennes, chacun y voyant le messie à sa porte.
Le portrait de Duchcov, avec son modèle qui indexe le livre le plus important de l’ésotérisme juif et qui porte en lettres arabes le nom de Mohammed, nous présente sans doute un des protagonistes au cœur de cette dramaturgie occulte
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