Pris
sur The Public Domain Review. Les cieux incertains ou la vie extraterrestre
selon Christian Huygens par Hugh Aldersey-Williams, traduction de
l’anglais par Nedotykomka, no copyright infringement, just for the sake of art.
Quand tout semble désolé ici-bas, il est naturel de se
tourner vers d’autres mondes ; c’est ce qu’entreprit l’astronome
hollandais Christian Huygens (1629-1695) à la fin des années 1680. Il venait de perdre son
poste à l’Académie royale des Sciences de Paris où il avait été nommé premier
directeur scientifique en 1667. Après quinze ans de séjour en France, Huygens,
malade et dépressif, revient à La Haye où il se retrouve seul, en proie à la
fièvre, sans le soutien de son frère Constantin, qui officiait en Angleterre comme
secrétaire du roi de Hollande Guillaume III d’Orange-Nassau.
Vers cette époque, Huygens entreprend la rédaction de « Cosmotheoros », une méditation sur
la possibilité de la vie extraterrestre, le premier travail consacré au sujet
sur des bases scientifiques et non philosophiques ou théologiques. De crainte
de la censure « de ceux dont l’ignorance et le zèle sont très
grands », Huygens recommanda à son frère de ne publier l’ouvrage qu’après
sa mort qui surviendra en 1698. Écrit à l’origine en latin, Cosmotheoros fut rapidement traduit en
néerlandais et d’autres langues. Une élégante traduction anglaise parut la même
année sous le titre audacieux : « Celestial
Worlds Discover’d »
Bien sûr, de nombreux philosophes avaient spéculé sur
la vie au-delà du monde sublunaire, mais Aristote avait évacué le problème en
postulant l’unicité de la Terre parmi les autres corps célestes, entités selon
lui purement géométriques. Au contraire, les atomistes de l’Antiquité,
Démocrite et Épicure, affirmaient la pluralité des mondes, par analogie avec
les particules de matière qui se logeaient dans tous les interstices. La
scolastique médiévale reprit cette controverse sous un angle purement
religieux, en y ajoutant des points de doctrine qui ne faisaient guère avancer
le débat.
Aussi, en 1610, lorsque Galilée découvrit les quatre
lunes de Jupiter, ce fut une révélation : dans notre système solaire
existaient d’autres planètes que celles connues depuis l’Antiquité, ce qui
relançait la polémique par des perspectives inattendues ; en 1655, quand
Huygens découvrit le premier satellite d’une autre planète, Saturne, il
renouvelait la donne. Par la suite, ce satellite serait baptisé Titan et pour
l’heure, il n’était encore question que d’un seul anneau.
Par ailleurs, Huygens fut également l’inventeur de la
première horloge à pendule, qui améliorait la précision des horloges existantes
de quinze minutes ; il produisit également une « lanterne
magique », une sorte de projecteur de diapositives et apporta
d’importantes contributions aux mathématiques, en particulier dans le domaine
de la géométrie et des probabilités statistiques. Huygens introduisit les premiers
modèles mathématiques pour exprimer les relations quantitatives entre masse et
vitesse dans les problèmes de physique. Autant de réussites qui font de lui le
plus important scientifique dans la période qui va de Galilée à Newton.
Christian Huygens était un génie précoce : dès son
enfance, il réalisait de petites machines et se régalait d’énigmes
mathématiques, ce qui lui valut le surnom d’Archimède hollandais. Promis à une
carrière de courtier et de diplomate par son père et ses frères, il préféra se
vouer à la physique, aux mathématiques et à l’astronomie. Sa découverte de
Saturne, ses expérimentations sur les horloges et la mécanique céleste
l’amenèrent à la conclusion que tout mouvement n’était que relatif, intuition
qui lui vaudrait l’admiration d’Einstein. Dans les années 1670, il développa
une théorie ondulatoire de la lumière qui était en grande partie correcte mais
qui fut négligée pendant près de 150 avant de trouver une confirmation
expérimentale.
Au contraire d’autres illustres contemporains, il se
concentra sur certains problèmes de son choix sans jamais séparer leurs aspects
théoriques et pratiques, se félicitant de ce qu’ils se renforcent par
rétroaction comme dans l’horlogerie ; bien qu’il héritât du paradigme de
la philosophie naturelle du dix-septième siècle, ce qui l’affrontait à des
problèmes trop vagues pour la science d’aujourd’hui, Huygens ne s’égara pas
dans l’alchimie, l’occultisme ou la religion, comme ce fut le cas de Newton.
[note : ce que l’auteur appelle « occultisme » ou « alchimie »
faisait à l’époque partie intégrante de la démarche scientifique.]
Huygens était un internationaliste convaincu : il
collabora avec des scientifiques écossais afin d’adapter son horloge pour
qu’elle calcule les longitudes en mer ; il échangea avec l’Irlandais
Robert Boyle au sujet des propriétés du vide et de la pompe à air ; il se
retrouva pris dans une violente polémique avec l’Anglais Robert Hooke à propos
d’un système d’échappement qui devait permettre la synchronisation de montres
de gousset ; il compara les agencements des télescopes et les observations
planétaires du Polonais Johannes Hevelius et de l’Italien Giovanni Domenico
Cassini. Enfin, en mathématiques, il fut le précepteur du jeune Gottfried
Leibniz avant que l’élève ne dépasse le maître et n’invente le calcul
infinitésimal.
En 1663, Huygens fut le premier étranger élu à la Royal
Society de Londres ; plus significativement encore, il contribua à établir
l’Académie des Sciences françaises, s’assurant ainsi une place de premier rang
parmi ses pairs. Sa découverte du premier anneau de Saturne requit des années
de patience ; il réalisa cette performance grâce à un télescope de son
invention, son frère lui ayant taillé les lentilles adéquates. Au cours de ses
observations, la forme de la planète semblait se modifier, ce qui suscitait de
nombreuses interrogations sur ses dimensions effectives. La contribution de
Huygens fut décisive grâce à ses instruments, à sa précision mathématique et à
son sens ce qui était physiquement possible ou non.
Ses premières spéculations sur la vie extraterrestre
remontent à cette époque : alors qu’il rédigeait son traité sur Saturne. Sans
avoir l’air d’y toucher, il y ajoute une note d’émerveillement à propos « des effets que l’anneau qui entoure cette
planète doit exercer sur ceux qui y vivent. » Plus tard, dans ses
lettres à son frère, ses souvenirs attestent qu’il leur arrivait tous d’eux
d’évoquer la vie extra-terrestre lorsqu’ils jetaient un œil dans la lunette,
mais Huygens attendrait quarante ans avant de coucher ses réflexions sur
papier. Entretemps, Cassini avait découvert quatre autres lunes à Saturne, en
plus de Titan et des quatre « étoiles médicéennes », détectées en
1610 par Galilée sur l’orbite de Jupiter. À présent, le système solaire prenait
un tout autre aspect que celui des Grecs ou même des astronomes des deux ou
trois générations qui avaient précédés Galilée ou Kepler.
Bien que les atomistes aient anticipé la pluralité des
mondes au sein du système solaire, et peut-être même au-delà, ils ne
s’accordaient pas sur ce à quoi ces autres mondes pouvaient bien
ressembler ; certains admettaient qu’ils pouvaient être peuplés de
créatures vivantes, tandis que d’autres penchaient plutôt pour une absence
d’eau et de vie. Ainsi, Pythagore croyait que la Lune était peuplée d’une faune
et d’une flore à la fois plus luxuriante et plus grande que sur Terre, tandis
que ses contemporains n’y voyaient qu’un roc nu et desséché.
En toute logique, la scolastique médiévale s’attacha à
considérer ces problèmes sous l’angle de la Création. En 1318-1319, Guillaume
d’Ockham donna une conférence à Oxford où il affirmait que « Dieu pourrait parfaitement créer un autre
monde, meilleur que celui-ci et habité d’espèces différentes » mais
ces idées suscitèrent une telle opposition qu’il n’obtint pas son diplôme. Un
siècle plus tard, Nicolas de Cues franchissait le pas et émettait l’hypothèse
que certaines espèces d’outre-espace étaient peut-être supérieures à la
nôtre ; néanmoins, elles devaient tout autant leur origine à « Dieu, centre et circonférence de toutes les régions
stellaires. »
Au seizième siècle, se réalisèrent deux autres
découvertes majeures, dont les implications étaient tellement vastes qu’il
faudrait plus d’un siècle pour les développer. La première fut la théorie
héliocentrique de Copernic qui démontrait que la Terre n’était qu’une planète
parmi d’autres ; la seconde fut la découverte du Nouveau Monde par les
Européens ; « notre monde a
découvert un monde » écrivait Montaigne. Or, si des espèces inconnues vivaient
à la surface de notre globe, pourquoi pas sur d’autres planètes ? Ces
bouleversements géopolitiques et épistémologiques suscitèrent une production
littéraire qui ne dépendait plus de l’orthodoxie scolastique, ni d’observations
astronomiques au doigt mouillé.
Ainsi, la découverte, grâce à la lunette de Galilée,
que la lune n’était pas une sphère parfaite et que sa surface comportait des
cratères et des chaînes montagneuses, stimula les recherches du clerc John
Wilkins ; dans son livre « The
Discovery of a World in the Moone » (1638) il en venait à se demander
si ces reliefs sélénites ne pourraient pas abriter une forme de vie.
Pour sa part, Kepler pensait que tous les corps
célestes, planètes, lunes et même les soleils, pouvaient sans doute avoir leur
propre population. Mais il allait plus loin en se basant sur les lois
physiques, censées universellement valables, pour déterminer à quoi ces
créatures ressembleraient. Sur la Lune, par exemple, en raison de la durée du
jour et des températures extrêmes, les Sélénites « devaient présenter un corps plus grand, plus solide et un tempérament
plus dur que le nôtre. »
Dans Somnium,
« Le Rêve », une sorte de roman de science-fiction avant l’heure, le
protagoniste est ravi par des démons et emporté sur la Lune où Kepler nous
apprend que les sélénites se partagent en deux groupes, selon qu’ils vivent sur
la face éclairée ou obscure ; évidemment, ces lunatiques considèrent notre
monde comme leur Lune et Kepler nous prodigue une description scientifique de
ce à quoi notre globe ressemblerait vu depuis son satellite. Hélas, Somnium n’a rien d’un chef-d’œuvre et s’alourdit
de comparaisons orbitales et d’autres variables astronomiques.
La principale source d’inspiration de Huygens fut
probablement l’œuvre de Bernard le Bovier de Fontenelle, auteur à succès d’Entretiens sur la pluralité des mondes
(1686) : dialogue entre une candide marquise et un sage philosophe, écrit
dans un français accessible, susceptible de plaire à un lectorat
scientifiquement profane, en particulier les femmes, à qui Fontenelle présente
un aperçu des théories astronomiques de son temps, ainsi qu’un agréable aperçu
d’une possible vie sur la lune, sur les planètes et les étoiles au-delà de
notre système solaire.
Bien que le Cosmotheoros
de Huygens ne soit pas une réussite littéraire aussi éclatante que l’œuvre
de Fontenelle, il s’agit selon le vulgarisateur Philip Ball « de la première tentative d’exposé
scientifique sur la vie extra-terrestre qui ne se réfère pas aux Saintes-Écritures. » Le sérieux du propos
transparaît de la proclamation comme quoi ce volume était le premier d’une
série intitulée le « livre des
planètes » mais que Huygens ne réalisa jamais. En attendant, si Cosmotheoros était rédigé en latin, à
l’attention du public cultivé, ses nombreuses et rapides traductions prouvent
qu’il dépassa son audience initiale.
Un des buts de Huygens était de réfuter le jésuite
allemand Athanase Kircher qui avait lui aussi publié un récit de voyage spatial
sous forme de dialogues : « Itinerarium
extaticum » (1656) En le lisant, Huygens avait été consterné par
l’absence de toutes les données qu’il estimait vraisemblables, n’y trouvant « qu’une compagnie de sottises et de déraison. »
Huygens se consacrait plus volontiers à Nicolas de Cues, Tycho Brahe, Giordano
Bruno et Johannes Kepler, bien que, selon lui, ils se soient peu aventurés à
donner des détails sur les formes que pouvait adopter la vie extraterrestre.
Huygens se basait sur les probabilités. « Tout
homme qui pense comme Copernic que cette Terre qui est la nôtre et, qu’à
l’instar d’autres planètes, elle tourne autour du soleil qui lui dispense sa
lumière ; tout homme qui suit cette idée ne peut que songer qu’il n’est
pas improbable que d’autres planètes ne disposent elles aussi de leurs propres
habitats et demeures, et peut-être bien de leurs propres peuples. » Improbable : le mot-clef. Il nous
rappelle l’intérêt de jeunesse de Huygens pour les statistiques. « Je ne peux rien affirmer d’absolument vrai,
comment cela se pourrait-il ; je ne peux qu’avancer une hypothèse
probable, une vérité que chacun peut considérer à sa guise. »
Huygens doutait qu’il existe une atmosphère sur la
lune ; prudemment, il exclut les formes de vie imaginées par Kepler et
Wilkins, mais les approuve pour d’autres planètes de notre système solaire ou
en dehors de lui, sur d’autres étoiles. La découverte de la finitude de la
vitesse de la lumière l’encouragera à progresser dans cette voie et à émettre
l’hypothèse qu’il pourrait exister des étoiles si distantes que leur lumière ne
nous soit pas encore parvenue.
Les réflexions de Huygens sur la nature de chaque astre
lui venaient empiriquement de ce qu’il apprenait en regardant dans son
télescope ; s’il se trouvait une planète qui ressemblait à la Terre,
alors, il y avait de fortes chances qu’il y en ait beaucoup d’autres, une
logique qui mène tout droit au programme SETI. D’après les données dont Huygens
disposait sur les formes des planètes, sur leur distance par rapport au soleil,
sur la longueur de leur jour et de leur nuit, il parvint à produire une
conception crédible de la vie extraterrestre.
Sa conception de la faune et de la flore extraterrestre
se fondait sur des extrapolations de ce qu’on connaissait alors de la Terre et
des espèces exotiques ramenées en Europe par les Grands explorateurs. Émerveillé
par la richesse et la splendeur de cet exotisme « si parfaitement
adapté », Huygens avançait qu’une telle abondance pouvait fourmiller sur
d’autres planètes, « le nier serait
refuser à d’autres monde la Dignité et la Beauté de notre Terre, ce qui serait
gravement déraisonnable. »
Quelle forme prendrait alors cette vie ? Celle des
spécimens des Amériques, tellement différents du vieux monde. Dans le même
temps, il supposait que les conditions physiques devaient être radicalement
autres dans l’espace : l’atmosphère pouvait être beaucoup plus dense, ce
qui favoriserait l’émergence de créatures ailées. La gravité aussi, bien que
Huygens ne livre pas de comparaison entre les forces gravitationnelles de
chaque planète ; de même, il rejetait une corrélation simple entre la
taille d’une planète et l’échelle de développement de sa faune et de sa flore.
« Pourquoi ne pas imaginer une
planète géante peuplée d’une race de Pygmées, aussi grande que les grenouilles
ou les souris ? » Toutefois, il trouvait cette hypothèse peu
vraisemblable.
Pour Huygens, « l’aspect le plus important et le
plus divertissant de cette enquête est de disposer des spectateurs face à de
telles découvertes, pour qu’ils admirent la beauté et la diversité des
Créatures que nous avons produites devant eux. » Remarquablement, il
suggère ainsi que ces subtils observateurs pourraient être d’autres
« créatures dotées de raison. » En effet, certaines planètes
pourraient avoir engendré des « êtres raisonnables en possession de
différents degrés de sens et d’esprit. »
L’essence de la raison et de la moralité ne doit guère
différer d’un monde à l’autre ; ces êtres d’outre-espace possèdent sans
doute des maisons pour les abriter des intempéries. Toutefois, Huygens éprouve
un peu de mal à décrire leur apparence : s’il ne s’agit pas d’humanoïdes,
ils devraient pourtant avoir des mains et des pieds pour se tenir debout. À
moins qu’ils ne disposent d’exosquelettes comme le homard. Après tout, « ce serait faire preuve d’une vulgaire
prétention que de penser qu’une âme douée de raison ne puisse séjourner dans un
autre corps que le nôtre. » De telles conjectures trouvent un écho
dans le Somnium de Kepler, mais elles
rendent une tout autre résonance chez Huygens, qui était bien mieux informés
des contraintes physiques sur l’environnement.
Huygens tourne ensuite son attention vers la maîtrise
technologique : ses planétaires connaissent certainement la science
astronomique ; selon lui, ce domaine de recherche est apparu à la suite de
la peur des éclipses et leurs conséquences, un phénomène universel qui doit
avoir engendré les mêmes résultats sur d’autres planètes. Les êtres
d’outre-espace possèdent sans doute aussi des instruments semblables aux nôtres
« bien qu’il soit peu probable qu’ils les aient tous. » Huygens ne
les pense pas capables de détenir des télescopes ; et pour cause, il leur
faudrait une intelligence qui égale la sienne. En revanche, il les crédite d’un
sens de la vue beaucoup plus aiguisé.
En 1600, à Rome, Giordano Bruno périt sur le bûcher du
Campo de Fiori, coupable d’hérésies selon l’Inquisition : il avait entre
autres affirmé la pluralité des mondes habités. Un siècle plus tard, le même
sort fut épargné à Huygens qui devança la critique des autorités
ecclésiastiques en précisant que le Ciel et la Terre dont parlaient les Écriture
désignaient la totalité de l’univers et pas seulement la Terre. Toutefois, il
refusait d’accorder une place spéciale à l’homme dans la Création ; au
contraire d’autres œuvres à visée utopiste ou satirique, Cosmotheoros ne proposait pas de hiérarchie où les humains seraient
supérieurs ou inférieurs.
Cosmotheoros
connut un vaste succès à travers le dix-septième siècle ; les
considérations de Huygens sur la vie sur d’autres planètes ou dans d’autres
systèmes solaires influencèrent le philosophe de Königsberg, Immanuel Kant pour
son Histoire naturelle générale et
théorie du ciel (1755) La découverte d’Uranus par William Herschel en 1781
entraîna un regain d’intérêt pour l’œuvre de Huygens, mais les astronomes
commencèrent à éviter le sujet ; en effet, la critique allait se révéler
moins tendre pour les écrits spéculatifs de Huygens.
Récemment, Cosmotheoros
a reparu dans le champ d’étude des historiens de la Science : Huygens fut
le premier à conférer une légitimité à un sujet marginal. En effet, à l’époque
où le savant hollandais écrivait sa fiction, peu partageaient son intérêt. Pour
le clergyman anglais Joseph Glanville, se préoccuper ainsi de l’inconnu frayait
la voie à l’athéisme. Dans « A
Cypress grove », le poète écossais William Dumond, rejetait à la fois
les conceptions coperniciennes et l’hypothèse extraterrestre, comme des exemples
où « les vues scientifiques se
transforment en opinion, en erreurs, et égarent l’imagination dans un millier
de labyrinthes. »
Désormais, il apparaît que le plus précieux don de Huygens aux générations de scientifiques est son opiniâtreté à travailler dans le doute. Une fois établies les bases mathématiques probabilistes, nul ne possédait une meilleure position pour étendre leurs principes aux interrogations scientifiques. Agir de la sorte, ce n’était pas se soumettre à l’irrationnel ou à la déraison, mais une manière d’ouvrir des portes à la pensée pratique et créatrice. Comme Huygens l’écrit dans Cosmotheoros : « La gloire de parvenir à une Probabilité scientifique est une entreprise qui en vaut largement la peine, mais il existe bien des niveaux de probabilités, certaines plus proches de la Vérité que d’autres et dont la détermination réside dans la maîtrise et le bon exercice de notre Jugement. »
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