Source :
L’Apocalypse de Jean, traduite et commentée par Jean-Yves Leloup, éditions
Albin Michel, collection Espaces libres.
L’Apocalypse est une vision philosophale du Réel :
elle situe les événements du monde dans la lumière de Dieu et dans la lumière
de l’Agneau, vision à la fois de justice et de miséricorde comme peut l’être
tout regard d’amour vrai.
J’appellerai donc « Apocalypse » l’avènement
ou l’événement de la lumière dans la chair effondrée de notre histoire
personnelle, collective, cosmique, ou encore l’événement ou l’avènement du
Sujet (Je suis) dans la chair effondrée de notre ego (personnel, collectif,
cosmique) dans le corps douloureux de l’ancien, la chair effondrée de nos
mémoires. La venue au jour, toujours bouleversante de l’Autre que nous sommes.
Celui que notre désir appelle, Celui dont la Présence nous fait peur :
« l’Être qui est ce qu’Il est » dont notre imagination ou notre
angoisse fait un abîme, un abîme qui nous dissout et nous engouffre plutôt
qu’un abîme de bonté qui nous sauve et qui nous absout.
La question à affronter, c’est ce que notre imagination
fait de notre abîme ou de notre néant : le lieu de manifestation de la Vie
(consciente, aimante, libre) qui se donne ? Ou bien le lieu où rien n’est
donné, où tout est englouti, le lieu de résorption de toute vie (consciente,
aimante, libre) ? Faisons-nous de l’Apocalypse une révélation de la
Réalité et de la vérité qui est notre adéquation ou assentiment à ce Réel
manifesté ?
Ou faisons-nous de l’Apocalypse une catastrophe, une destruction définitive de ce que nous prenions pour la réalité ? Perte de nos illusions absolument absurde puisque aucun sens, aucune vie véritable, aucun sujet n’en émerge. Il s’agit toujours d’une révélation, d’une mise à nu de ce qui était caché sous le voile des évidences, mais révélation de l’abîme et non de « l’Être qui est et qui fait être tout ce qui est » à partir de ce « rien. »
La découverte de notre néant n’est qu’une catastrophe que pour celui qui y résiste. Pour celui qui l’accepte et y reconnaît son identité la plus profonde (non sum) c’est l’occasion (kairos) de rencontrer l’Autre qui contient et féconde cet abîme. (Ego sum)
Commentaires
Enregistrer un commentaire