La hache sert à bâtir la Russie d’architecture en bois,
mais aussi à assassiner comme la hache de Raskolnikov dans Crime et châtiment. L’icône fait face à la porte d’entrée dans
chaque isba, le coin rouge, le beau coin. Elle sert à bénir les mariés, les
voyageurs et elle est embrassée tous les jours par des milliers de fidèles… Le
duel de la hache et de l’icône pourrait être celui de l’ange et du démon, celui
du coq rouge – ainsi surnomme-t-on l’acte de l’incendiaire – et de l’entraide
paysanne, le mir, le mot le plus polysémique du russe, signifiant paix,
solidarité, ou ensemble des croyants unis dans la prière. Entre coq rouge et
solidarité, l’âme russe est tissée de contrastes, qu’elle soit maléfiquement
disjointe — Raskolnikov est un schismatique, disjoint par son nom même — ou
mystiquement soudée.
Georges Nivat
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