Ce qui oppose Lovecraft aux représentants du bon goût
est plus qu’une question de détail. H.P.L. aurait probablement considéré une
nouvelle comme ratée s’il n’avait pas eu l’occasion, au moins une fois dans sa
rédaction, de dépasser les bornes. Cela se vérifie a contrario dans un jugement
qu’il porte sur un confrère : « Henry
James est peut-être un peu trop diffus, trop délicat et trop habitué aux
subtilités du langage pour arriver vraiment à une horreur sauvage et
dévastatrice. » Le fait est d’autant plus remarquable que Lovecraft a
été toute sa vie le prototype du gentleman discret, réservé et bien éduqué.
Personne ne l’a jamais vu se mettre en colère, ni pleurer, ni éclater de rire.
Une vie réduite au minimum, dont toutes les forces vives ont été transférées
vers la littérature et vers le rêve.
Une vie exemplaire.
Michel Houellebecq : H.P.L., contre la vie, contre le monde
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