Ill. :
L’Île des morts par Keleck.
Texte : Arktos, le mythe du Pôle (1) dans les
sciences, le symbolisme, et l’idéologie nazie par Joscelyn Godwin, éditions
Archè Milano, recommandé par Nedotykoma, troisième relecture.
Nous commencerons par Blavatsky, avec son exposé sur
les époques révolues de l’Hyperborée et de l’Atlantide. Les lignes directrices
de son histoire de l’humanité, avec la succession des sept races-mères sur les
sept continents peuvent être reconstituées de la façon suivante, à partir de la
Doctrine secrète, présentée comme un commentaire des Stances de Dzyan.
1. Le premier continent de ce Manvantara, période de
plusieurs millions d’années, fut l’Impérissable Terre sacrée. Bien que l’on ne
puisse en dire grand-chose, elle « recouvrait tout le pôle Nord telle une
croûte sans faille. » C’était le lieu de séjour de la première race
humaine, qui « n’avait ni type, ni couleur, et sa forme n’était pas
accusée, bien que colossale. » Nos premiers ancêtres n’avaient pas de
corps physique, mais un corps éthérique, et ils n’étaient pas atteints par la
maladie, ni par la mort. On peut noter le parallèle avec la race dont parle
Platon, qui est immortelle et qui ne se reproduit pas.
2. Le deuxième continent s’étendait vers le sud et l’ouest
à partir du pôle Nord ; il devait englober la baie du Baffin, ainsi qu’une
terre en forme de fer à cheval s’étendant du Groenland au Kamtchatka. C’est là
qu’apparut la deuxième race, des êtres monstrueux, à moitié humains et
androgynes ; ce furent « les premiers essais de nature matérielle
pour constituer les corps humains. » La plupart d’entre eux périrent lors
du premier grand cataclysme tandis que le Groenland et les autres « Eden
nordiques de l’éternel printemps » étaient transformés en « Hadès
Hyperboréens. »
3. Pour le troisième continent, qui s’étendait de l’océan
Indien à l’Australie, Blavastky emprunte un terme à la généalogie
contemporaine, la Lémurie. Avec la troisième race, vint un Âge d’Or, où « les
dieux parcouraient la terre en se mêlant librement aux mortels. » Pendant
l’ère lémurienne apparut la première des races vraiment humaines qui passa
progressivement de l’état androgyne ovipare à la distinction des sexes. Ce fut
la « Chute de l’homme » qui eut lieu il y a environ 18 millions d’années.
4. La Lémurie fut détruite à son tour, et ses
survivants donnèrent naissance à la « quatrième race », les Atlantes
dont les tribus d’origine se divisèrent en justes et injustes. L’Atlantide fut
engloutie il y a 850.000 ans environ.
5. La cinquième race aryenne, de peau brune ou blanche,
naquit en Asie. Depuis, beaucoup de terres ont apparu puis disparu, la dernière
étant l’Atlantide de Platon, patrie d’un grand continent englouti il y a
quelques 12.000 ans.
6.7. Deux autres races doivent suivre avant la fin de ce
Manvantara.
Blavatsky affirme en résumé : « Nous croyons
aux sept continents, quatre d’entre eux ont déjà vécu, le cinquième existe
encore et les deux autres apparaîtront dans le futur. » On peut trouver l’origine
de cette cosmogonie et de ses quatre premières races dans le Sepher Berechit, c’est-à-dire
dans la Genèse. La Genèse débute avec la création par les Elohim d’un « mâle
et femelle », l’Adam spirituel (1.27) Le second récit de la Création,
généralement considéré comme une interpolation d’autres sources, évoque un être
plus matérialisé, formé à partir de la poussière du sol et d’une haleine de
vie. (Genèse II, 7) et placé dans l’Eden. Ensuite, vient la différenciation de
sexes. (Genèse II, 21-22) et la sortie de l’Eden, ou lieu d’origine polaire.
Dès lors, les êtres humains, ayant pris leur forme actuelle, allaient donner
naissance aux différentes races de couleur et peupler le globe.
Dans les Puranas hindous, autre source de Blavatsky, la
terre d’Hyperborée est appelée Svita-Dvîpa, « L’Île Blanche », et
elle a pour centre le mont Méru. Selon le Haimavatchanda, cette montagne a
quatre énormes piliers : celui de l’est est en or ; celui du sud, en
fer ; celui de l’ouest, en argent ; celui du nord, en cuivre. De là
partent quatre fleuves ayant tous pour origine le Gange céleste qui s’écoule
des pieds de Vishnu, près de l’Etoile polaire. On peut ici noter la
correspondance avec les quatre fleuves de l’Eden biblique. Blavatsky écrit que
cette terre sacrée est la seule destinée à durer, de cycle en cycle, du
commencement à la fin du Manvantara, ce qui symbolisent sans doute ces quatre
piliers constitués des métaux assignés aux quatre âges.
L’on a beaucoup écrit au sujet du Méru dans les textes hindous et dans leurs commentaires modernes, à commencer par l’Essay on the sacred isles in the West par Francis Wilford, lequel tenta, par patriotisme, de situer l’Île Blanche en Angleterre. Des orientalistes, mais aussi des Hindous, se sont efforcés de rapprocher la géographie du Méru, censé culminer à 672.000 miles de haut, soit 1081.470.000 mètres, avec un lieu précis de la Terre. L’Hyperborée de Blavatsky est ambiguë à cet égard : elle est géographique, puisque située au pôle Nord et toutefois immatérielle, ce qui veut dire que l’on ne pourra probablement pas la trouver en la regardant avec des yeux de mortel.
Une évaluation récente de la cosmologie védique, due à Richard L. Thompson, émet l’hypothèse audacieuse que les lieux décrits dans les Védas, impossibles à situer à faire correspondre aux dimensions connues de la Terre, font partie d’un cosmos plus vaste, à multiples niveaux, occupant le même espace que le nôtre et que pouvaient percevoir les êtres des premiers yugas.
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