Le Pen est un merveilleux ennemi qu’ils regretteront.
Aussi s’accrochent-ils à son chant du cygne, son chant du cygne noir, si je
puis dire. Ces héros de la nouvelle résistance ne parlaient d’ailleurs pas de
Le Pen, mais de leur propre incapacité à avoir le moindre rapport avec le Mal.
On peut d’ailleurs définir notre culture, au sens institutionnel et moderne ou
étatique, comme ce qui a été lavé du Mal, épuré, décontaminé, vidé, donc rendu
étranger à l’art, à tous les arts, qui eux, entretenaient une connivence plus
ou moins obscure avec le Mal...
Et tous les « responsables de théâtres, squats,
lieux alternatifs ou autres friches se questionnaient « quant à
l’efficacité de leur implication sur le terrain. » Et ils ne trouvaient à
se plaindre que du « peu d’aide et du manque de reconnaissance de la part
des institutions. » Mais ils ne s’étonnaient pas de ce que, là où ils sont,
là aussi on avait voté Le Pen. Et plus qu’ailleurs. Et ils ne pouvaient
conclure qu’une seule chose : qu’il fallait encore aller plus loin.
Comme les eurocrates quand ils sont bafoués par un
référendum hostile à leur merveilleuse construction européenne, ils laissaient
entendre qu’il fallait encore plus de culture, encore plus d’art, encore plus
de leurs exhibitions théâtrales ridicules, encore plus de leurs installations
plasticiennes, encore plus d’étalage de leurs état dépressifs qu’ils prennent
pour le nombril artistique du monde et dont personne n’a rien à foutre…
Philippe Muray : Festivus, festivus
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