« Parce que je vous méprise »

— Aimerions-nous louer de tels livres ? Ce qui ne signifie pas qu’ils dépassent la louange, mais qu’ils déconsidèrent toute louange, et qu’il y aurait paradoxe à les lire avec admiration. Nous avons donc une catégorie d’ouvrages qui sont plus méconnus par les éloges que par le dénigrement ; les déprécier, ce serait entrer en contact avec la puissance de refus qui les a rendus présents, avec l’éloignement qui les mesure. L’indifférence, si par elles pouvaient s’exprimer à la fois l’attrait le plus fort et le souci le plus profond, indiquerait bien à quel niveau ces livres conduisent. Le mieux serait de n’en pas parler, et même de ne pas les lire, comme il arrive du reste…

— Mais Sade voulait être lu.

— Il le voulait, mais ses livres ne le voulaient pas.

Maurice Blanchot : L’Entretien infini

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