Source : Les Secrets de Sodome par David Alliot, un siècle et demi d’homosexualité clandestine, éditions Plon.
En juillet 1972, le FHAR doit faire
face à une première scission. Au sein du mouvement existait un groupe informel
d’une vingtaine d’autoproclamées « folles hystériques », baptisé les
« Gazolines », composé principalement de travestis et de
transsexuels ; ils revendiquaient un militantisme moins politisé, mais plus
spectaculaire, avec des maquillages et des déguisements outranciers.
Histoire de ne pas arranger les
choses, les Gazolines refusaient toute hiérarchie ainsi que les discours
théoriques et Guy Hocquenghem, surtout depuis son portrait dans le Nouvel
Observateur. Leur mot d’ordre était simple : « Bite au
cul ! », qu’ils répétaient à tout-va, ce qui avait le don, à force,
d’agacer certains. Guy Hocquenghem et ses amis s’opposaient à cette nouvelle
forme de militantisme, trop provocatrice à leur goût, qui avait le mauvais goût
« d’éloigner la cause homosexuelle du monde ouvrier. » Une fois n’est
pas coutume, les anciens du FHAR, qui privilégiaient un militantisme politique
plus classique, étaient débordés par leur base.
Le point de retour sera franchi le 4 mars 1972. Ce jour-là ont lieu les obsèques de Pierre Overney, un militant maoïste tué par un vigile de usines Renault ; 200.000 personnes sont présentes, poing levé, pour rendre un dernier hommage au militant. Dans la foule, des militants du PHAR, bien sûr, mais aussi une douzaine de Gazolines, habillées de noir, déguisées en veuves à voilettes, qui jouaient ostensiblement les pleureuses et dont certaines étaient les fesses à l’air. Comme on peut s’en douter, leur attitude fera scandale auprès des camarades comme auprès de Daniel Guérin et de Guy Hocquenghem qui ne supportaient plus cet activisme complètement décalé. Les Gazolines n’attendront pas d’être exclues du mouvement ; elles quitteront le FHAR pour voler de leurs propres ailes.

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