Dans son poème, L’Hermaphrodite (1765), Édouard-Thomas
Simon aménage son paradis naïf : des rochers, des monts inaccessibles, des
torrents et des neiges le protègent aussi bien que le sera, dans quelques
années, le château des 120 journées : mais la loi qui partage les sexes
n’y est pas transgressée comme elle le sera dans cet autre haut lieu, par des
conjonctions d’autant plus scélérates que les emblèmes du sexe y seront mieux
marqués et plus gigantesques, ou que les limites y seront rendues plus
infranchissables soit par l’identité du sexe, soit par la proximité de la
parenté ; le protagoniste du poème veut fuir là où ce qui caractérise les
sexes est ignoré dans cette indifférenciation douce que répand la pénombre
d’une sexualité sans sexe.
Michel Foucault : Les Hermaphrodites

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