À une journaliste qui lui exposait le cas d’un écrivain
vantant la prison, Genet répondit : « Qu’il y retourne ! »
Le jour où Sachs entre à Kolafu, le 16 novembre 1943, un déclic se fait, mille
et une idées vont nourrir sa vie cellulaire. Son dernier livre, Derrière
cinq barreaux, naît dans la geôle et clôt sa destinée. L’enfermement le
libère : « Et dire qu’il m’a fallu vingt ans pour y
penser ! » Sous la protection paradoxale des Allemands, Sachs échappe
à la mort que lui promettent les codétenus, mus par une haine légitime,
puisqu’il en a dénoncé la plupart. La logique de l’antithèse le sauve et le tue
à la fois : prisonnier des nazis, il dépend d’eux ; sans leur garde,
on l’abattrait. En équilibre sur une corde de plus en plus mince, il passe les
seize derniers mois de sa vie avec un crayon et un cahier. Dans un cachot où il
obtient d’être seul, il corrige son incurie. Puis ses maîtres en déroute
ouvrent les grilles. Libre, il peut mourir.
Thomas Clerc : Maurice Sachs, le désoeuvré

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