Les dieux de l’Atlantide, ceux de la
première humanité, d’avant le déluge, compagnons éternels de la deuxième
humanité, la nôtre, volètent autour de nous en ombres légères, comme les âmes
d’amis oubliés, mais qui n’ont pas oublié. Ils nous chuchotent à l’oreille pour
nous avertir de quelque chose, comme ces rêves prémonitoires ; ils
bourdonnent faiblement, comme des abeilles en hiver ; ils nous saisissent
insensiblement de leurs mains fantomatiques, comme s’ils voulaient nous arrêter
au bord d’un précipice ; ils nous appellent, comme de lointaines étoiles,
pour nous conduire quelque part, en jalons sur une voie infinie. Si seulement
nous les entendions, si nous comprenions quel est le nom sur leurs lèvres à
tous, de quel soleil ils sont les ombres portées, si nous étions capables de
reconnaître sur tous leurs visages celui de l’unique Inconnu.
Dimitri Merejkowski : Atlantide-Europe
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