Et voici enfin la suprême, la plus profonde brûlure des
rayons obscurs, l’amour sexuel des vivants pour les morts. Gogol connaissait
cela aussi. Une belle sorcière chevauche dans un galop frénétique un jeune
écolier, Thomas Brutus. Mais en prononçant une prière, il s’en délivre, la
chevauche à son tour, et, après l’avoir fait galoper à mort, en devient
follement amoureux. « S’approchant du cercueil, il contempla craintivement
le visage de la morte et referma les yeux. Oh, la terrible, l’aveuglante
beauté… Il n’y avait dans le visage rien de terne, de trouble, ni de
mort : il était vivant comme la vie même. » La vie, le sexe à travers
la mort, telle est la séduction de cette horreur. C’est ici qu’en vérité, un
trou se creuse dans les entrailles de la terre et qu’à travers l’étroit
entonnoir, nous apercevons un autre ciel aux astres inconnus, un paradis où
embaument des lys qui ne sont pas ceux de nos vallées.
Dimitri Merejkowski : Les Mystères de l’Orient
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