Apparemment, ces messages ne s’adressent qu’à d’autres
joueurs, à d’autres alchimistes dont nous devons penser qu’ils possèdent déjà,
par quelque moyen différent de la tradition écrite, la « clef »
nécessaire à la compréhension exacte de ce langage. Cette « clef »
peut être simple, double, triple, peu importe puisqu’elle nous manque.
La première démarche raisonnable devait être, par
conséquent, d’essayer de découvrir un de ces joueurs afin de lui demander des
explications. Mais à qui s’adresser et avec quelles chances de succès ?
L’axiome de Lao-Tseu : « Ceux qui savent ne parlent pas ; ceux
qui parlent ne savent pas » demeure une règle aussi strictement appliquée
de notre temps qu’elle l’était à l’époque du « Tao-Té-King. » Les
rares « initiés » que compte encore l’Occident n’ont rien de commun
avec ceux qui se prétendent tels, orgueil qui est le signe d’une profonde
ignorance.
On oublie trop souvent que le verbe
« initier » signifie littéralement selon le sens premier de cette
expression, « faire mourir. » Un initié n’est pas moins séparé du
monde profane qu’un mort. Malgré les illusions, où se complaisent trop de
malheureux, ni les morts ni les initiés ne parlent directement à des êtres
situés sur un plan différent du leur. Il nous appartient de nous élever jusqu’à
eux plutôt que de leur demander de descendre jusqu’à nous.
René Alleau : Aspects de l’alchimie traditionnelle
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