Source : Le Monde magique de l’Égypte ancienne par Christian Jacq, éditions Tallandier, collection Texto, dirigée par Jean-Claude Zylberstein.
Il existe de très nombreuses formules pour protéger les
yeux. Le vent du désert causait des ophtalmies, des cataractes, maladies
véhiculées par des démons.
Or, l’œil est un organe essentiel. Le verbe
« créer », en égyptien, s’écrit avec un œil. Voir, c’est recréer,
s’ouvrir la réalité. L’œil de chari est l’expression manifestée d’un œil
intérieur. L’œil sain, l’œil complet sont des symboles de la totalité, de la vie
dans sa plénitude. C’est pourquoi le magicien accomplit un acte créateur en
régénérant, par l’usage de l’œil, celui qui se montre digne de l’initiation aux
mystères : « Je t’ai appliqué l’Œil d’Horus afin que ton visage
soit régénéré par lui, je t’ai fardé les yeux avec le fard vert et le fard
noir, afin que ton visage soit régénéré par eux. Je complète ton visage avec
l’onguent provenant de l’Œil d’Horus, ce par quoi il fut complété. Il rattache
les os, il rassemble les membres, il réunit tes chairs et dissipe tes maux. »
Por lutter contre les maladies des yeux, le magicien
évoque un désordre cosmique qui se produisit, un soir, dans le ciel du nord et
dans le ciel du sud. L’un des piliers qui supportent le ciel est tombé dans
l’eau. Pour éviter que le cosmos ne s’écroule, le magicien fixe solidement les
têtes des membres de l’équipage de la barque de Rê sur leurs cous. Ils seront
aptes à remplir leurs offices et l’embarcation voguera normalement. Les paroles
sont à prononcer sur la vésicule bilaire d’une tortue, additionnée de miel. On
applique le produit à l’extérieur des yeux.
C’est dire que le traitement d’une maladie oculaire est
en rapport direct avec l’équilibre de l’univers. Autre confirmation :
contre les maladies des yeux, on fait appel à l’Œil d’Horus. Il anéantit les
troubles causés par les esprits malins, par un mort, ou par une morte, un
ennemi ou une ennemie. C’est grâce à l’Œil d’Horus qu’un remède appliqué aux
deux yeux s’avère efficace. Il a été spécialement préparé par les maîtres
magiciens d’Héliopolis. Thot a été chargé d’amener l’Œil dans la grande demeure
qui est dans la ville sainte et il le protège de toute influence nocive.
Si, malgré ces précautions, un leucome se déclare, une voix retentit dans le ciel du sud. « Le ciel du nord est troublé, une construction s’écroule, les pierres tombent dans l’eau. Il faut redresser ce qui menace ruine, remettre l’édifice debout. Ainsi, on repousse le mal et on préserve l’œil. » (Papyrus d’Ebers)
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