Saturne, quelle triste plaisanterie : des millions
et des milliards dépensés en pure perte, jetés dans la gueule dévorante de
l’espace, dans les profondeurs interplanétaires si élémentairement hostiles à
l’homme. La Lune… Mars… Vénus… Jupiter… Saturne… Pour quoi faire ?
Quelques sauts de puces dans l’indifférence glacée de l’éther sidéral.
Dérisoire… Mais pendu dans la nuit, avec ses anneaux obliques semblables à de
vastes cerceaux de lumière : des auréoles autour du crâne chauve d’un
saint de l’enfer. Saturne était un enfer. L’univers est rempli d’enfers dont le
Château du Couchant n’est pas le moindre. « Maintenant, je ne suis plus
rien, un astronaute sans nom, sans patrie, sans illusion, plus rien… » Et
le vin dans sa bouche avait un goût de sang, de résine et de cendres.
Daniel Walther : Requiem pour demain
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