J’appelle grotesque ou souveraineté grotesque la maximalisation des
effets de pouvoir à partir de la disqualification même de celui qui les
produit. Ce n’est pas un accident dans l’histoire du pouvoir. Ce n’est
pas un raté de la mécanique. C’est un des rouages qui font partie inhérente du
politique…
Cette disqualification qui fait que celui qui détient la majestas,
ce plus de pouvoir par rapport à tout pouvoir quel qu’il soit, est en même
temps, dans sa personne, dans son personnage, dans son costume, dans son geste,
dans sa diction, dans son corps, dans sa sexualité, dans sa manière d’être, un
personnage ridicule et obscène…
Quand le pouvoir se révèle comme ubuesque, il manifeste de manière
éclatante son caractère incontournable, inévitable, c’est-à-dire qu’il peut précisément
fonctionner de la manière la plus efficace, la plus performante, alors même
lorsqu’il est entre les mains d’un souverain indigne…
Michel Foucault : Les Anormaux
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