Naître près d’un volcan et mourir sur un bûcher pourrait
relever des hasards d’une existence, mais avoir entretemps écrit :
« Si Dieu te touche, tu seras un feu ardent » ou encore « Mes
espoirs sont de glace et de feu mes désirs », avoir prévu d’être
accompagné au jour de sa mort par « une escorte de cinquante ou cent
torches » (qui ne lui feront pas défaut quoique la marche s’effectue alors
en plein jour, s’il vient à mourir en terre catholique), sans oublier l’ardeur
de son caractère, voilà d’étranges coïncidences qui ont incité de nombreux
auteurs à parler du penseur italien les termes enflammés d’un « homme de
feu » ou d’un « homme incendié. » Je cède moi-même à cette
tentation pour évoquer une autre figure d’Église, elle aussi controversée, dont
le blason familial est accompagné d’un vers de l’Énéide : Igneus est ollis et celestis origo,
« De feu est leur vigueur et du ciel leur naissance. » Frère Giordano
aurait pu adopter la même devise que la famille de Pierre Teilhard de Chardin,
car le mot de Virgile paraît s’appliquer aux deux hommes, nés à plus de trois
siècles d’écart à proximité d’un volcan, le Vésuve pour l’un, le puy de Dôme
pour l’autre.
Jacques Arnould : Giordano Bruno, un génie martyr de l’Inquisition
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