C’est la belote au sang qui nous attire et qui nous garde

Ce n’est qu’après sa mort, éventuellement, que l’écrivain de l’abjection échappera à son lot de déchet, de rebut ou d’abject. Alors, soit il tombera dans l’oubli, soit il accédera au rang d’idéal incommensurable. La mort donc serait la conservatrice en chef de notre musée imaginaire ; elle nous protégerait en dernière instance de cette abjection que la littérature contemporaine se fait fort de dépenser en la disant. Une protection qui règle son compte à l’abjection, mais peut-être aussi à l’enjeu gênant, incandescent, du fait littéraire qui, promu au rang de sacré, se trouve tronqué de sa spécificité. La mort fait ainsi le ménage dans notre univers contemporain. En (nous) purifiant de la littérature, elle constitue notre religion sans dieu.

GO : Face of Horror
Julia Kristeva : Pouvoirs de l’horreur

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