Que me veut un tel instant ? Il me retire toutes
les forces, il me laisse ici, ni debout, ni couché, sans droit, sans repos,
désœuvré et cependant occupé sans relâche de ce désœuvrement, non pas ignorant
mais sachant trop, non pas immobile mais au bord d’une agitation éternelle. Que
me demande-t-il de faire ? La chute est sans fin, elle ne me laisse rien à
faire, je ne puis arrêter la chute, je n’en ai pas les moyens, je ne tombe même
pas, je suis seulement assis au bord d’un lit, tandis que s’enfonce dans le
lointain la légère risée d’un murmure : « Écrivez-vous, écrivez-vous
en ce moment ? »
Maurice Blanchot : Celui qui ne m’accompagnait pas

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