« Écrivez-vous, écrivez-vous en ce
moment ? » À quoi je ne pus m’empêcher de lui répondre :
« Mais vous le savez bien, je ne puis plus écrire, et je ne suis presque
plus moi-même. » Paroles que je regrettai à cause de leur sérieux, et
aussitôt leur firent suite, à la manière furtive d’un léger rire, quoique d’un
peu plus loin, ses mots à lui : « Écrivez-vous, écrivez-vous en ce
moment ? » La certitude d’être à un tournant qui me demandait toutes
mes forces, toute mon attention, je m’en laissai pas détourner par le souvenir
que déjà et presque à chaque instant, j’avais eu la certitude de m’approcher
d’un tournant dont ensuite je voyais qu’il m’avait seulement retourné, ramené
en arrière.
Maurice Blanchot : Celui qui ne m’accompagnait pas

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